Chanson douce - Prix Goncourt 2016
Leïla Slimani
Voilà un livre qui m’a interpellée, moi en tant que maman ayant fait garder mes enfants lorsque j’ai du reprendre le travail et surtout moi en tant qu’assistante maternelle qui accueille des petits de moins de trois ans tous les jours depuis plus de dix ans maintenant. C’est une histoire qui m’a fait réfléchir à la condition de la nounou de 2016, à celle des parents qui travaillent et ont des enfants à placer. Leïla Slimani nous conte la vie de Louise, une super nounou recrutée par un couple avec deux jeunes enfants. Très rapidement Louise prend une place qui dépasse celle de la simple nounou à l’intérieur de la famille, elle prend en charge tout le côté intendance dans la maison, le ménage, les courses, les repas, le repassage, le rangement tout devient clean à l'excès et en plus les enfants ne tardent pas à lui vouer une affection sans faille. Nous allons être alors les témoins impuissants de l’évolution délétère de la relation employeur/employée. C’est effarant jusqu’où cela va nous entraîner dans la dépendance vicieuse de l’une et des autres, nous allons arriver jusqu’au point de non retour. D’ailleurs dès le chapitre Un on sait déjà les conséquences de ce disfonctionnement, un peu comme dans les thrillers où on commence par la scène de crime dès les premières minutes. L’auteure nous emporte dans le quotidien des personnages par petites touches, insensiblement et pourtant, elle nous dévoile leur faiblesse, leur vulnérabilité et se glisse auprès de chacun jusqu’au sommet où tout explose. De nombreuses familles se reconnaitront dans ce portrait au vitriol de notre société, des couples avec enfants en bas âges, des rapports entre employeur/employée à la maison. L’écriture est un vrai plaisir à lire c’est simple, précis et un rien poétique (voir ma seconde citation), j’adore. Tout le récit n’est qu’une lente montée en puissance comme un volcan prêt à exploser, il ne nous sera épargné aucune tension, malaise, suspense et autre stress. Les personnages sont à fleur de peau, on sent que tout peu basculer d’un instant à l’autre vers un dénouement dramatique.