En Sacrifice à Moloch
Asa Larsson
Je commence ici mon premier roman d’Asa Larson. Si on ne m’avait pas prévenu que le personnage de Rebecka Martinsson était un personnage récurant, (cinquième fois que l’on peut suivre ses aventures) et bien je ne l’aurai pas deviné. On peut tout à fait débuter par ce roman ci sans être gênée pour la compréhension du personnage. Alors qu’on retrouve des restes humains dans la panse d’un ours abattus par des chasseurs, puis le cadavre d’une femme transpercée par de nombreux coups de fourches, notre procureure Rebecka Martinsson se lance dans une nouvelle enquête et déjà elle va découvrir un lien de parenté entre les deux cadavres. Ella va être aidée en cela par Krister le maître chien qui va retrouver grâce à Véra la chienne de Rebecka, le petit Marcus qui c’est réfugié dans les bois la nuit de l’assassinat de sa grand-mère. Pourtant Rebecka va se faire souffler l’affaire par un collègue de travail ambitieux et manipulateur. En parallèle nous allons aussi suivre une histoire qui remonte au début du siècle et qui nous retrace la vie du fondateur de la ville et sa rencontre avec la belle Elina institutrice à Kiruna. J’ai beaucoup aimé suivre ces deux histoires en parallèle, jusqu’à leur point de jonction, parce que c’est là toute la beauté de ce thriller psychologique avec une touche historique qui ajoute un plus à l’intrigue. J’ai aussi aimé le déroulement plutôt lent de l’action qui prend son temps et s’enlise comme l’hiver qui fige la nature et les gens dans un froid rigoureux. Les personnages « méchants » sont très bien étudiés et crédibles dans leur lâcheté, leur sauvagerie. Pendant un long moment dans le récit je me suis demandé s’il y avait une sorte de malédiction qui poursuivait une même famille de génération en génération mais l’auteure a réussi à m’amener là où je ne l’attendais pas. Les personnages principaux sont attachants et très humains, mon préféré étant Krister Ericsson le policier maître chien grand brûlé qui est amoureux de Rebecka ou encore la policière et mère de famille Anna-Maria Mella qui peine à assumer ses deux fonctions, sans parler de Pohjanen le médecin légiste en fin de vie, ils apportent tous une brique dans la construction de ce Polar que je ne peux que conseiller. Bonne lecture.
Rebecka et Lars Pohjanen avaient tous deux grandi dans des régions où les femmes et les hommes allaient au sauna ensemble sans fausse pudeur. Dans un sauna, on n’avait pas honte d’un corps usé, marqué par l’âge ou les maternités. Dans un sauna, un corps jeune et beau avec des rondeurs aux bons endroits, doux comme un pétale de fleur, n’avait pas à craindre les regards indiscrets.
Rebecka alla chercher l’eau et alluma le feu pendant que Pohjanen ronronnait d’aise, buvait de la bière et réchauffait son corps frêle devant l’âtre.
Puis ils entrèrent dans le sauna. Rebecka supportait bien la chaleur et elle monta sur la banquette supérieure. La sueur coulait dans leurs yeux, l’eau grésillait et tressautait sur les pierres de lave, la vapeur s’élevait vers le plafond.
Leur conversation fut celle qu’ont la plupart des gens quand ils sont dans un sauna : il aurait fallu des branches de bouleau pour se fouetter et activer la circulation, mais ce n’était pas facile à trouver en cette saison parce qu’elles devaient avoir des feuilles. Le sauna était la seule façon de se sentir réellement propre, il n’y avait rien de plus répugnant que de patauger dans sa propre saleté au fond d’une baignoire. Ils comparèrent le hammam et le sauna et évoquèrent les anciens qui supportaient la chaleur d’un vrai sauna, digne de ce nom, partagèrent les souvenirs des saunas de leur enfance et s’accordèrent à penser que les saunas électriques étaient une invention du diable.