Je sens grandir ma peur
Je remercie les Editions des Presses de la Cité pour cette lecture.
Iain REID
Après deux ouvrages de non-fiction salués par la critique et de nombreuses collaborations dans la presse nord-américaine, le Canadien Iain Reid signe avec Je sens grandir ma peur son premier roman.
Un garçon et une fille, dans une voiture lancée à travers la campagne enneigée. Il est absorbé par la route, elle est perturbée par des souvenirs brumeux, ainsi que par d'incessants appels provenant de son propre numéro. Parfois, ils parlent. S'aiment-ils ? Quelques heures plus tard, les voilà attablés face à leurs hôtes, ses parents à lui, dans une ferme reculée. La maison est glaciale, la mère se plaint d'entendre des voix, le couple stocke au sous-sol des peintures inquiétantes. Le fossé entre les deux amants se creuse, sous le poids de tous les non-dits. Et il y aussi cette angoisse, qui a point et ne cesse de grossir, jusqu'à ce que se produise l'innommable...
Distillé par un climat de terreur sans objet à la Stephen King, qui prend le lecteur en otage jusqu'à la chute, un thriller métaphysique sur l'incapacité du couple et la tentation de l'exil littéraire.
Ma chronique :
Ce livre ne plaira pas à tout le monde mais si comme moi vous l’apprivoisez alors ce sera grandiose. Un excellent thriller psychologique qui nous emporte aux confins de la folie. Dès le début on sent qu’il y a quelque chose qui cloche mais de là à mettre le doigt dessus c’est autre chose. Elle part avec son petit ami Jake rencontrer ses parents qui vivent dans une vieille ferme isolée. Elle n’a pas de prénom et sera la narratrice de l’histoire. Elle veut en finir, nous dit-elle dès le début du livre mais en finir avec quoi, la vie ? Sa relation avec Jake? Là encore on navigue dans des eaux bien troubles, la tension s’épaissit le suspense est parfois insoutenable et oppressant, dans le huit clos de la voiture pendant les trajets ou encore dans le huis clos de la ferme on monte lentement dans les degrés d’angoisse que l’auteur sait si bien distiller. Le dialogue entre eux est parfois tellement étrange et cette bizarrerie nous donne le sentiment d’un décalage mais surtout on sent qu’il va se passer quelque chose, on est en attente et quand enfin la compréhension se fait, c’est jubilatoire. Peut-être qu’une relecture s’impose pour mieux apprécier la mise en œuvre digne d’une stratégie, de cette intrigue originale et pour ma part c’est du jamais vu, du jamais lu. J’ai particulièrement apprécié les quelques pages écrites en italiques et qui retracent une conversation entre deux personnes, on ne sait pas qui elles sont mais elles nous parlent d’un drame terrible qui c’est joué. On entre comme dans une nouvelle dimension où le passé se mesure au présent pour mieux nous retourner. Ne pas savoir c’est ce qui est le pire et Iain Reid nous offre ici un voyage en compagnie de ce couple pour le moins exceptionnel et tout au long on sent grandir sa peur. Si vous voulez vous sentir déstabilisé et ne plus savoir où vous habitez alors ce livre va remplir parfaitement son office. Bonne lecture.
Citation :
Une nuit, tandis que je dormais, l'inconnu a appelé douze fois sans laisser de message. A mon réveil, j'avais autant d'appel manqués.
La plupart des gens auraient réagi après cela, mais pas moi.