Les enfants de Venise
Je remercie les Editions Slatkine & Cie pour cette lecture.
Luca Di Fulvio
Dramaturge, le Romain Luca Di Fulvio est l'auteur de huit romans dont L'Empailleur (Gallimard, 2003), qui a été adapté au cinéma. En 2016, il a publié Le Gang des rêves, suivi de Les Enfants de Venise (2017), tous deux parus chez Slatkine & Cie.
Venise, 1515. Peu de villes auront connu autant d'injustices, de dangers, de misère et de vices. De liberté, aussi.
Liberté pour Mercurio, petit voleur des rues, as du déguisement, pour qui le pavé romain est devenu trop brûlant. Liberté pour Giuditta, jeune et belle Juive, dont la religion semble ici tolérée – mais pour combien de temps ?
Rien ne les vouait à s'aimer. Pourtant... Entre inquisiteurs et courtisanes, palais, coupe-gorge et canaux putrides, les amants de Venise feront mentir le destin...
Ma chronique :
Je poursuis ma découverte de cet auteur qui m’avait tant charmé avec Le soleil des rebelles. Nous voici à nouveau avec un jeune garçon Mercurio, début des années 1500 à Rome. Mercurio est orphelin et vit grâce à son habilité de petit escroc et de voleur. Un trio de chenapans l’accompagne dans ses razzias, Zolfo, Benedetta et Ercole. En tentant de voler un riche marchand juif Shimon Baruch, Ercole perd la vie et Mercurio blesse le marchand. C’est alors que Mercurio, Zolfo et Benedetta décident de fuir grâce à l’aide de Scavamorto, leur « maître » vers Venise. Parallèlement nous suivons l’histoire de Giuditta qui voyage avec son père Iasacco vers Venise où la ville serait plus accueillante et la vie meilleure pour les porteurs de calotte jaune. Leur destin va se croiser et dès la première rencontre, on sait déjà que ces deux là sont faits pour être ensemble. Bien évidemment rien ne leur sera donné et nous allons vivre avec eux la frustration de la séparation et les difficultés mais en ligne de mire, on souhaite qu’ils puissent vivre ensemble et heureux.
Crimes, sort qui s’acharne, colère, jalousie, trahison et pardon Luca Di Fulvio nous fait vibrer sur toute une palette de sentiments forts et surtout sur l’amour avec un grand A qui vient à bout de tout et qui sera continuellement remis en danger. On va suivre les personnages qui sont toujours sur le fil du rasoir entre bien et mal, entre justice et injustice. Le récit de l’histoire est captivant et ne connait pas d’arrêt, tout s’enchaîne et nous tient en haleine pour connaître la suite des amours de Mercurio.
Le personnage de Mercurio est magnifique, il deviendra un homme libre avec de belles valeurs. Ce roman a beaucoup d’âme on vit intensément le parcours initiatique auprès du héros, mais il possède aussi un côté plus sombre, celui de la violence et de la cruauté telles que l’on peut se l’imaginer à la fin du Moyen-âge. Et puis il y a ce talent fou de l’écrivain, celui de faiseur d’ambiance, on y croit, on le vit, on pleure et on mouche. Les thèmes sont si sensibles, les enfants abandonnés, maltraités en manque d’amour c’est une corde sensible qui donne beaucoup d’émotion. Mais ce que je préfère c’est la rencontre de cœurs purs dans le purin et l’espoir qui va avec si vous voyez ce que je veux dire parce que ce n’est pas forcément chez les nobles et les riches que nous pourrons les trouver.
Alors ne vous laissez pas effrayer par le nombre de pages imposant, une fois la plongée effectuée on reste en apnée jusqu’à la toute dernière ligne. Bonne lecture
Citation :
La vie est simple. Quand elle devient compliquée, ça veut dire qu'on se trompe quelque part. Ne l'oublie jamais. Si la vie devient compliquée, c'est parce que c'est nous qui la compliquons. Le bonheur et la souffrance, le désespoir et l'amour sont simples. Il n'y a rien de difficile.
Personne ne sait mieux qu'un escroc lire dans le coeur des hommes. Une qualité indispensable dans un métier aussi incertain et totalement privé de règles.
Aucun docteur ne vient par ici, dit-elle. On fait nos enfants seuls dans notre lit et on y meurt seuls, quand l’heure est venue.