Torrents
Je remercie les éditions Fleuve Noir pour l'envoi de cette nouvelle lecture
Christian Carayon
Christian Carayon, originaire du Sud-Ouest, enseigne l'histoire et la géographie en lycée depuis plus de 20 ans. Il vit actuellement dans la Sarthe. Il se lance dans l'écriture en 2012 et publie Le Diable sur les épaules, lauréat du Prix Ça m'intéresse Histoire. Après Un souffle, une ombre paru en 2016 et traduit en plusieurs langues, Torrents est son deuxième roman publié dans la collection " Fleuve Noir ".
Sauf les secrets les plus inavouables.
1984. Des morceaux de corps humains sont découverts dans une rivière qui dévale vers la ville de Fontmile. On finit par identifier deux victimes, deux femmes portées disparues depuis longtemps. La peur et l'incompréhension s'emparent des habitants, jusqu'à l'arrestation de Pierre Neyrat, un chirurgien à la retraite. Ce dernier connaissait une des victimes, l'amie intime de son fils. Il a les compétences pour démembrer ainsi les cadavres et un passé trouble. Mais surtout, il a été dénoncé par sa propre fille.
Bouleversé par ces évènements qui réveillent la douleur de la perte de la femme de sa vie et font imploser sa famille, son fils François décide alors de remonter le cours de l'histoire. Car derrière les silences, ce sont les violences de l'Occupation que Pierre Neyrat a tenté d'oublier.
Mettant ses pas dans ceux de son père, François va reconstituer ce passé dont il ignorait tout, où se sont noués les fils fragiles de son existence.
Deux époques, deux enquêtes, pour un polar mené de main de maître.
Ma chronique :
Préparez-vous à être entraînés, bousculés, intrigués et surtout épatés car en lisant le dernier roman « Torrents » de Christian Carayon on vit au côté de son personnage principal, la petite et la grande histoire.
Lorsque l’on retrouve en 1984 des restes humains dans la rivière proche du village de Fontmile, c’est tout une enquête qui se met en place sur dénonciation de sa propre fille Pierre Neyrat chirurgien à la retraite est arrêté. Son fils François tente de comprendre et va chercher dans le passé de son père une explication. Ce père taiseux dont les silences cachent une des périodes les plus sombres de notre histoire sous l’Occupation.
J’ai beaucoup aimé la construction originale de ce roman. Trois personnages vont se relayer pour nous raconter chacun leur vision des évènements. Tout d’abord il y a François qui quitte Paris pour venir auprès des siens lorsque son père est arrêter. On explore avec lui toutes les blessures de l’enfance et du passé, les non-dits et les secrets aussi qui sont courants dans tant de famille. La description de ses rêves m’a fait frissonner plus d’une fois. Puis nous découvrons la part importante de Camus « l’oncle » un personnage secondaire avec une réelle profondeur et dont la fidélité en amitié force le respect. Et enfin il y a aussi une partie où Pierre le père prend la parole et pour ma part c’est celle du roman que j’ai préféré parce qu’elle nous ramène à la seconde guerre mondiale à la violence qu’on subit les populations et aux drames de l’épuration punitive de l’après guerre. J’ai aussi aimé tout le côté nature du roman et moi aussi le hameau perdu de Combe-Sourde m’a fait rêver et je me suis sentie proche des deux hommes pour qui il a tant compté. Le va et vient passé/présent avec deux époques différentes et deux enquêtes est formidablement bien mené. Une belle écriture fluide et qui se lit d’une traite. Savoir que ce livre a eu pour base des faits réels est un plus et l’on comprend à quel point il est facile à la réalité de dépasser la fiction. Bonne lecture.
Citation :
Des montagnes, Dieu sait que j’en ai au sous le nez, matin, midi et soir, jusqu’à en avoir soupé. Mais là, c’était différent. J’ai eu l’impression de revenir à la maison après des années d’errance. Ca ne s’explique pas, ces choses-là. Il m’a fallu neuf mois pour obtenir ma mutation.
- Tu n’étais pas effrayé de devoir tout recommencer de zéro ?
- Le plus effrayant, mon grand, c’est de moisir là où on n’a pas à être.