Power
Je remercie les Editions Stéphane Marsan pour cette nouvelle lecture.
Michaël Mention
1965. Enlisés au Vietnam, les Etats-Unis traversent une crise sans précédent : manifestations, émeutes, explosion des violences policières. Vingt millions d'Afro-Américains sont chaque jour livrés à eux-mêmes, discriminés, harcelés. Après l'assassinat de Malcolm X, la communauté noire se déchire entre la haine et la non-violence prônée par Martin Luther King, quand surgit le Black Panther Party : l'organisation défie l'Amérique raciste, armant ses milliers de militants et subvenant aux besoins des ghettos. Une véritable révolution se profile. Le gouvernement déclare alors la guerre aux Black Panthers, une guerre impitoyable qui va bouleverser les vies de Charlene, jeune militante, Neil, officier de police, et Tyrone, infiltré par le FBI. Personne ne sera épargné, à l'image du pays, happé par le chaos des sixties.
Une plongée en apnée, dans un autre monde, une autre époque à travers Power faire la connaissance des noirs américains, à l’époque de la guerre du Vietnam et de la création du mouvement des « Black Panther Party ». Voilà la traversée que nous propose Michaël Mention. Un talent certain pour nous raconter cette noirceur de l’Amérique raciste, la misère, les ghettos, ces noirs qui n’ont plus que la révolution comme horizon en réponse à l’arbitraire, l’oppression et la mort. Cet élan vers la liberté va entraîner avec lui de grands bouleversements, de l’ultra-violence et faire trembler ce colosse aux pieds d’argile qu’est l’Amérique. La période est trouble entre le Vietnam qui n’en finit plus et les exactions contre les noirs, le refuge et l’espoir semblent être pour eux ce nouveau parti et bien tout cela accompagné des musiques qui elles aussi crient leur révolte au travers des succès de James Brown et de la Motown, une bande son dont la playlist nous est fournie à la fin, du son qui arrache et qui déchire. Les Black Panthers arrivent juste après Malcom X et Martin Luther King, ils viennent rétablir l’ordre, une nouvelle parité et les débuts du mouvement à vivre ainsi sous la plume de l’auteur sont très enthousiasmants.
Une ambiance superbement rendue avec une écriture au plus proche des ressentis, des personnages attachants, c’est rythmé et fluide, ça se dévore. On sent un véritable travail de documentation de la part de l’auteur sur des faits historiques ainsi mis en lumière, de la réalité à la fiction car bien sûr Power n’a rien d’un documentaire j’ai adoré l’anecdote des JO, tous les petits détails de la grande et de la petite histoire ainsi regroupés c’est jubilatoire. La construction du roman passe par la parole donnée à différents personnages Neil, Charlène et Tyrone dont on suit l’évolution tout au long du roman. Grandeur et décadence du BPP, la descente sera rude et pleine de désillusions alors qu’on a failli toucher au but. Le sabordage, les rumeurs, le FBI étaient les grains de sables d’une machine qui commençait à peine à tourner. Je suis ravie de cette lecture qui m’a permis de mieux comprendre cette période de l’histoire que finalement je connaissais peu. Bonne lecture.
Une fois encore, Mohamed Ali a frappé fort.
Trop pressés. Des siècles qu'on avait rien, alors on voulait tout et on a foncé. On était sur tous les fronts, tellement impliqués qu'on a rien vu venir.
L'envie, c'est ce qui nous a tués.
Pourtant, le pouvoir, on l'a eu, Ça a duré cinq ans. Ça peut paraitre court, mais cinq ans tous les jours, toutes les nuits, c'est pas rien. On était si puissants que le pays a tremblé comme jamais auparavant.
Les gens nous craignaient, alors que tout ce qu'on voulait, c'était l'égalité. La paix, enfin.
C'est pour ça qu'on s'est unis. Organisés. On avait nos codes, notre langage, notre journal, notre musique, notre cinéma, notre look, nos penseurs, nos cliniques, notre capitale, notre président, nos ministres, notre indépendance.
On était noirs
On était libres.
On était les Black Panthers