Le Manufacturier
Je remercie Ring Editions pour l'envoi de cette nouvelle lecture.
Mattias Köping
Mattias Köping est né au Havre en 1972. Passionné de littérature nord-américaine et de boxe anglaise, il se consacre aujourd'hui à l'écriture.
Le 19 novembre 1991, une poignée de paramilitaires serbes massacrent une famille à Erdut, un village de Croatie. Laissé pour mort, un garçonnet échappe aux griffes des tortionnaires, les Lions de Serbie. Un quart-de-siècle plus tard, l'avocate Irena Ilić tente de remonter la piste jusqu'à la tête du commando, le sinistre Dragoljub.
Le 1er avril 2017, les cadavres d'une femme et de son bébé sont retrouvés dans la banlieue du Havre, atrocement mutilés. Niché dans le dark Web, un inconnu sous pseudonyme revendique le double meurtre et propose les vidéos de ses crimes à la vente sur son site Internet... Depuis quand sévit-il ? Prêt à transgresser la loi, le capitaine de police Vladimir Radiche s'empare de l'affaire qui sème la panique sur le pays, au risque de voir l'inimaginable s'en échapper.
Les deux investigations vont se percuter avec une violence inouïe. L'avocate et le flic ont des intérêts divergents et sont prêts à se livrer une guerre sans merci. Emportés dans l'abîme du terrifiant conflit yougoslave, les enquêteurs évoluent dans un vertige noir, gangrené par la violence et la corruption, où les plus pourris ne sont peut-être pas ceux que l'on croit. Crimes contre l'humanité, meurtres en série, fanatismes religieux, trafics entre mafias sans scrupules, l'étau se resserre au fil des chapitres. Les égouts de l'Histoire finiront par déborder, et vomir des monstres trop vite oubliés.
N'ayez pas peur.
Oui, il y a tout cela dans Le Manufacturier. Non, il n'y a pas d'autre issue.
Mattias Köping, l'auteur des Démoniaques, thriller doublement primé en 2018 et acclamé par le public, libère toute sa puissance dans ce vrai page-turner, addictif et haletant, porté par une atmosphère envoûtante et une écriture ciselée. Programmé pour jouer avec les nerfs des lecteurs les plus aguerris de romans policiers, Mattias Köping confirme son entrée implacable parmi les maîtres du thriller français.
Ma chronique :
Je n’avais encore jamais lu un livre comme celui-ci. D’une noirceur et d’une violence inouïe mais surtout d’une intelligence rare, l’histoire nous relate les exactions commises lors du conflit Serbo-croate de 1991, notamment que font subir Les lions de Serbie et leur chef Dragoljub à la famille du jeune Milovan et les répercutions de ce conflit sont encore bien présentent en 2017 chez les nombreux personnages qui peuplent ce roman. Irena Illic, avocate internationale, reprend la piste de ces tueurs en recueillant des témoignages des survivants. On trouve les cadavres d’une femme et de son bébé terriblement mutilé alors que des profondeurs du dark web, un inconnu vend des vidéos de ses crimes, l’inspecteur Vladimir Radiche mène l’enquête à sa façon très particulière. Et puis il y a la ville du Havre avec ses cités, ses chefs de gang, ses petites frappes et ses prostitués tout cela vient créer une ambiance assez délétère où l’on ne rencontre que des salopards de la pire espèce.
J’adore les thrillers, les polars et les romans noirs, j’en lis énormément mais c’est la première fois que je me prends un roman d’une telle force dévastatrice dans le ventre, uppercut total. Je ne sais pas comment l’auteur à fait pour arriver à écrire avec un tel réalisme, une telle puissance qui laisse son lecteur au bord de la nausée, c’est du grand art, il n’y a qu’un mot à dire « Bravo ». Un roman inoubliable dont les personnages reviennent me hanter régulièrement depuis. Mieux vaut prévenir tout de suite que ce roman n’est pas pour tout public, il nécessite un public averti sous peine de traumatisme mais pour les courageux qui le tenteront, ils sont dors et déjà assurés de vivre une expérience inoubliable dans ce que l’humain peut avoir de plus sombre, c’est passionnant, bestial, cruel et bien souvent inhumain. Rien n’est laissé au hasard, tout prend sens et il fallait le talent de Mattias Köping pour nous faire vivre et ressentir cette désespérance sans temps mort, un rythme soutenu, de nombreux et superbes rebondissements. Et que dire de l’écriture qui est précise et d’une finesse contrastant avec son contenu. C’est atroce et j’ai aimé ça, qu’est ce que cela dit de moi ? Je ne sais pas mais je suis juste reconnaissante de pouvoir fermer le livre quand cela devient insupportable, de prendre une grande respiration et de ne pas pouvoir faire autrement que d’y replonger pour savoir la suite de tous ces fils tirés qui finissent par former une dentelle avec un motif parfaitement élaboré et d’une rare finesse. Je vous laisse découvrir cette bombe qu’est Le manufacturier, ne passez pas à côté ce serait dommage. Bonne lecture.
Citations :
Mais compte tenu de ce que lui avaient fait subir les miliciens serbes de Dragoljub. L’idée de recourir à une avocate serbe ne souriait guère à Milovan. C’était une réaction épidermique, un réflexe xénophobe irrépressible.