Mon ombre assassine
Je remercie les Editions Taurnada pour l'envoi de cette nouvelle lecture.
Estelle Tharreau
En attendant son jugement, du fond de sa cellule, Nadège Solignac, une institutrice aimée et estimée, livre sa confession.
Celle d'une enfant ignorée, seule avec ses peurs.
Celle d'une femme manipulatrice et cynique.
Celle d'une tueuse en série froide et méthodique.
Un être polymorphe.
Un visage que vous croisez chaque jour sans le voir.
Une ombre. Une ombre assassine.
Ma chronique :
Voici un livre d’une maîtrise incroyable dans l’art de la perversion et de la manipulation. L’héroïne d’Estelle Tharreau vu de l’extérieur présente les traits parfaits d’une gentille maîtresse d’école. Maîtresse Nana est aimée par les enfants et estimée par les parents. Ses collègues n’en disent que du bien et son frère la seule famille qui lui reste la place sur un piédestal. Elle sait parfaitement se fondre dans le paysage pour passer inaperçue. Jusqu’au jour où elle est soupçonnée de meurtre et c’est en attendant son jugement, dans sa cellule, qu’elle nous livre sa confession.
J’ai adoré lire ce livre, c’est mon premier coup de cœur 2019, il a parfaitement rempli mon dimanche. Le chapitres alternent tantôt la confession de Nadège Solignac notre suspect numéro 1, tantôt les rapports de police retraçant les faits, par des témoignages ou encore des articles de ce qu’en dit la presse locale. L’exercice est parfaitement maîtrisé et nous donne une lecture complètement addictive et passionnante. Au fur et à mesure que ce dresse le portrait de cette tueuse en série froide et sans âme, nous somme sous le choc et l’auteur emporte le lecteur exactement là où elle veut l’amener, pour une rude prise de conscience. J’ai réagi comme la mère de famille que je suis et j’ai pensé que effectivement, il devait bien exister des êtres aussi manipulateur et dangereux que Nadège dans la vraie vie, mais en avoir fait une maîtresse d’école, tout comme elle aurait pu en faire une nounou, (et devinez ma profession ?) c’est là du grand art parce que on ne peut s’empêcher de penser à ses propres enfants et à qui en réalité les confions-nous pour aller travailler, le savons-nous? Tout est histoire de confiance. Je suis souvent revenu sur la couverture pendant ma lecture, car, sous des traits angéliques peut très bien se cacher un monstre, mais comment le savoir, on lui donnerait le bon Dieu sans confession tout comme son avocate le clame si ce n’était justement la confession froidement réaliste et terrible de Nadège sur les traumas subits dans son enfance et que je vous laisse découvrir. Bonne lecture.
Citations :
Pensez-y quand vous imposerez vos choix à quel qu’un que vous croyez connaître. Assurez-vous que la douleur engendrée par vos décisions ne lui soit pas insupportable. Soyez absolument certain de son impuissance et de son innocuité derrière sa capitulation de complaisance.
Je suis dans cette cellule en attendant de savoir ce que le destin a prévu pour moi. Non, que je sois inquiète, il m’a trop souvent éprouvée pour que j’ai encore peur de lui. Je suis confiante : ils ne trouveront rien, car, mise à part cette erreur, j’ai toujours veillé à ne jamais semer de petits cailloux sur mon chemin.
Je suis la fille d'une dépression post-partum et d'un raté démissionnaire. Je suis la sœur d'un clone paternel et d'un monstre répugnant.