La Vague
Je remercie les Editions Les Arènes pour l'envoi de ce nouveau titre.
Ingrid Astier
La plus dangereuse aussi. Hiro est le surfeur légendaire de La Vague. Après sept ans d’absence, sa sœur Moea retrouve leur vallée luxuriante. Et Birdy, un ancien champion de surf brisé par le récif. Arrive Taj, un Hawaïen sous ice, qui pense que tout lui appartient.
Mais on ne touche pas impunément au paradis.
Bienvenue en enfer.
Ici c’est Teahupo’o, le mur de crânes.
Ma chronique :
Embarquement immédiat pour la Polynésie, sa culture, ses îles, ses surfeurs, ses vahinés et sa face cachée. Un roman sombre et lumineux à la fois. Un peu comme voir le côté pile et le côté face de Tahiti, tout n’est pas que soleil, plage de sable blanc et cocotiers, il y a forcément un revers à la médaille. L’action se déroule essentiellement à Teahupo'o dans un cadre paradisiaque qui est devenu le rêve de tous les surfeurs et l’un des meilleurs spots mondiaux de surf. On y trouve par grande houle, une vague déferlante tubulaire qui reste une des plus impressionnantes mais surtout une des plus dangereuses Birdy peut en témoigner. Parmi les insulaires, il y a une belle galerie de personnage notamment Hiro qui ne pense qu’a la prochaine vague qu’il affrontera et à comment garder sa famille en sécurité, son ami Lascar, sa sœur Moea qui de retour au pays va tenter de se reconstruire, son fils Tuhiti 13 ans qui ne pense qu’à paraître plus âgé et s’embarquer dans de nouvelles expériences. Il y a Taj un surfeur hawaïen junkie trop sur de lui qui navigue dans des eaux peu recommandables. Tous ces portraits sont soigneusement brossés et on prend plaisir à les suivre dans leur vie quotidienne si différente de la notre, comme aller pêcher le poisson qu’on dégustera au prochain repas.
Mais rapidement arrive des ondes bien plus négatives en la personne d’un trafiquant de drogue, on apprend que toute l’île est gangrenée par une drogue de synthèse appelée Ice. On découvre alors la violence, la différence de niveaux de vie entre la population locale, ses exclus et les hordes de touristes. L’intrigue est parfaitement bien menée même si elle prend un certain temps à s’installer c’est le temps qu’il fallait pour nous permettre de mieux cerner les protagonistes et surtout pour faire monter une tension latente qui finira comme une éruption volcanique. Alors débute une histoire croisée où le bien et le mal, le passé et le présent se croise et où nous allons suivre le parcours touchant de Reva.
J’ai beaucoup aimé les références à la culture polynésiennes, légendes, proverbes, dont je connais fort peu de choses. J’ai quelques fois été gêné par l’emploi d’expressions ou de termes tahitiens mais aussi tout le vocabulaire en mode surfeur que je ne connais pas et qui n’est pas expliqué comme « take-off, barrel, bowl, reef etc… mais j’ai décidé que cela faisait parie du charme et j’ai apprécié la saveur de ce livre hors du commun. Bonne lecture
Citation :
Elle avait peur des pensées qui viennent habiter la nuit. Elles se glissent doucement, tout doucement dans le lit. Et grandissent dans l’ombre. Pareilles à ces animaux sauvages qu’on ne croise jamais le jour. Comme déformées par des torches de feu, ces bêtes deviennent gigantesques sur le mur, elles prennent plusieurs têtes et leur gueule crache une semence immonde au goût de vice.