Une affaire comme les autres
Je remercie les Editions Denoël pour ce partenariat.
Traduit de l'italien par Delphine Gachet
Pasquale Ruju
Un roman noir qui sort des sentiers battus, surtout en ce qui concerne la mafia et l’approche habituel de ce thème auquel nous sommes habitués. Ici, il faut oublier ce que l’on pensait pouvoir trouver à propos de la mafia. Tout se construit entre deux femmes autour d’une table, ce n'est pas un rendez-vous entre deux copines, non, il s’agit bien d’un interrogatoire mené par Silvia Germano la procureure avec Annamaria, la veuve de Marcello Nicota, chef de la ‘Ndrangheta. Un dialogue entre deux femmes pour structure à une histoire résolument mafieuse racontée par la femme du numéro un. Je n’ai pas été déçue par le point de vue original choisi par l’auteur. On comprend tout de suite que le grand patron ‘U-Primu est mort et que c’est en tant que suspecte qu’Annamaria est interrogée. Le rythme est plutôt lent au début, une histoire forte qui devient palpitante et je n’ai pas pu lâcher ce livre tant les questionnements se bousculent, c’est avec avidité que j’ai poursuivi ma lecture afin d’en apprendre plus et d’enfin mettre de la compréhension tant cette construction est complexe et les détails foisonnants. Dès le début on devine combien cette affaire sera tout sauf une affaire comme les autres. Rien de plus facile pour le lecteur que de se projeter dans les souvenirs d’Annamaria, on s’échappe ainsi un petit moment de la salle d’interrogatoire pour vivre tantôt de la douceur, tantôt des choses plus effrayantes. La gestion des différents flashbacks n’étaient pas toujours aisées. On navigue entre suspense, drame, violence mais aussi amour, trahison bref de quoi nous faire vibrer comme jamais. Arrive enfin le final et quel final, une révélation qui nous apporte une vision différente de tout ce que nous venons de lire, sans remise en cause, juste un éclairage original et bien vu qui rend ce livre carrément savoureux. Bonne lecture.
"Vous me racontez une histoire, Annamaria. Une belle histoire d'amour. Peut-être est-ce comme cela que vous l'avez vécue, au moins pendant un certain temps. Ce n'est pas que je ne vous croie pas, vraiment... mais voyez-vous..." L'index de Silvia Germano se pose sur la première ligne de la feuille la plus à gauche sans qu'elle baisse le regard. "C'est seulement une partie de la vérité"