Ce que savait la nuit
Je remercie les Editions Métailié pour ce nouveau partenariat.
Arnaldur Indridason est né à Reykjavík le 28 janvier 1961. Diplômé en histoire, il est d’abord journaliste et critique de films pour le Morgunbladid, avant de se consacrer à l’écriture. Ses nombreux romans, traduits dans quarante langues, ont fait de lui un des écrivains de polar les plus connus en Islande et dans le monde, avec douze millions de lecteurs. Il a reçu le prix Clef de verre à deux reprises, en 2002 pour La Cité des jarres, et en 2003 pour La Femme en vert (également couronné par le Gold Dagger Award et le Prix des lectrices de Elle), le Prix du Polar européen Le Point en 2008 pour L’Homme du lac, le prix d’honneur du festival les Boréales en 2011, et le prix espagnol rba du roman noir en 2013 pour Passage des Ombres (troisième tome de la Trilogie des Ombres, à paraître en 2018).
Douze de ses romans mettent en scène le personnage d’Erlendur Sveinsson, inspecteur de la police de Reykjavík. Plusieurs autres sont consacrés à des énigmes historiques ou des affaires d’espionnage. Dans la fascinante Trilogie des Ombres, il met en scène un nouveau couple d’enquêteurs, à l’époque de la « Situation », l’occupation américano-britannique de l’Islande à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Sources : Sabrina Champenois, LIBERATION – juillet 2010
Les touristes affluent en Islande et les glaciers reculent lentement. Le cadavre d'un homme d'affaires disparu depuis trente ans émerge du glacier de Langjökull. Son associé de l'époque est de nouveau arrêté, et Konrad, policier à la retraite, doit reprendre bien malgré lui une enquête qui a toujours pesé sur sa conscience.
Au moment où il pensait vivre sa douleur dans la solitude – son père menteur et escroc a été assassiné sans que l'affaire soit jamais élucidée et l'amour de sa vie vient de mourir d'un cancer –, Konrad est pressé par le principal suspect, mourant, de découvrir la vérité. Seul le témoignage d'une femme qui vient lui raconter l'histoire de son frère tué par un chauffard pourrait l'aider à avancer...
Dans la lignée de Simenon, Indridason excelle dans la construction d'un environnement social et affectif soigné et captivant, et dévoile peu à peu le passé trouble de ce nouvel enquêteur, jetant une lumière crue sur sa personnalité. Un beau roman noir sensible aux rebondissements surprenants.
Ma chronique :
A nouveau Arnaldur Indridason nous offre le meilleur de son savoir-faire, il est vrai qu’il excelle à écrire des polars nordiques tout ce qu’il y a de plus glaçant. Réchauffement climatique oblige, un corps porté disparu depuis trente ans, réapparaît et relance une enquête qui était restée non élucidée tout ce temps. Je découvre avec délice le personnage de Konrad, policier à la retraite qui se voit réactivé car c’est lui qui dirigeait l’enquête à l’époque depuis il traîne une certaine culpabilité pour n’avoir pas résolu l’affaire.
L’intrigue en elle-même est bien ficelée et on suit Konrad dans sa recherche comme le petit poucet ses cailloux blancs. A sa suite on va rencontrer une belle galerie de personnages et échafauder plusieurs théories sans jamais parvenir à démêler ce nœud. Les personnages féminins sont très différents les uns des autres et les moments où Konrad nous parle de sa femme décédée sont émouvants et quasi poétiques. Une affaire menée de manière classique c’est le seul petit reproche que l’on peut faire. On ne trouvera ni suspense, ni tension extrême et encore moins de crime sanglant ou de complot et pourtant j’ai pris beaucoup de plaisir à suivre cette enquête où je n’ai trouvé aucune incohérence ni dans les personnages, ni dans la temporalité tout est parfaitement carré et tient bien la route.
C’était aussi intéressant de retourner dans l’enfance de certains des personnages et découvrir l’Islande sous leur regard, les descriptions de son pays sont toujours surprenantes ainsi que le mode de vie d’il y a trente ans. Je ne savais pas que l’Islande avait vécu une période de prohibition de l’alcool mais la façon dont l’auteur nous la raconte est juste parfaite. Un livre court qui se lit rapidement grâce à l’enchaînement des chapitres passionnants où l’on apprend toujours quelque chose de plus qui nous pousse à aller voir plus loin. La bonne nouvelle c'est qu'il s'agit du début d'une série. Bonne lecture.
Citations :
Beaucoup de choses avaient changé depuis trente ans. La bière était alors interdite en Islande. Il n'existait qu'une radio nationale et une seule chaîne de télévision. Les fonderies d'aluminium étaient moins nombreuses. Le barrage hydroélectrique de Karahnjukar, le plus grand d'Europe, n'existait même pas encore à l'état de projet. Il neigeait régulièrement à Reykjavik pendant l'hiver. Il n'y avait ni internet ni téléphone portable. C'est à peine si quelques foyers étaient équipés d'ordinateurs.
La privatisation des banques, le chaos financier, la bêtise triomphante des décideurs, les hérauts de la libre entreprise et artisans de l'effondrement économique attendaient l'avènement du nouveau siècle. L'an 2000 semblait loin et relevait de la science-fiction.
Mais ce qui lui paraissait le plus étrange, c’était qu’il était à la retraite sans avoir l’impression d’être vieux.