Pour le bien de tous
Je remercie les Editions Belfond pour l'envoi de ce nouveau thriller.
Laurent Scalese
Laurent Scalese est auteur de romans policiers et scénariste pour le cinéma et la télévision. Il a notamment crée la série à succès Cherif, diffusée sur France 2. Après La Voix des âmes (Belfond, 2015), et Je l'ai fait pour toi (Belfond, 2016), Pour le bien de tous est son dixième roman.
Sur une route de campagne, un homme est percuté par une voiture. Mort sur le coup, ce n'est pourtant pas la collision qui l'a tué mais les balles qu'il a reçues dans le dos. Si la victime n'a pas de nom ni de papiers, son identité semble précieuse, puisque le véhicule des pompes funèbres qui le transporte est braqué, et le corps enlevé...
Les deux flics chargés de l'enquête forment le tandem le plus mal assorti de l'histoire de la police. Mélanie Legac est jeune, brillante, nerveuse. Le commandant Joseph Schneider a la soixantaine bien tapée, il ne peut plus courir après personne, et ce " croulant ", comme elle l'a baptisé, pourrait être son père. C'est la première fois qu'ils travaillent ensemble et ils vont vivre la pire affaire de leurs carrières.
Laurent Scalese s'empare d'un grand drame de l'actualité dans ce thriller noir comme le monde. Heureusement qu'il existe des hommes et des femmes à l'image des héros dont l'auteur a le secret, attachants et drôles, profondément humains, et qui tentent de se battre POUR LE BIEN DE TOUS...
Ma chronique :
Un polar parfaitement dans l’air du temps. Il traite des problématiques que la France rencontre depuis plusieurs années. Les migrants, le racisme, l’extrême droite en sont les principaux thèmes entre autre mais à la sauce Scalese cela devient du grand art. Des dialogues savoureux, des personnages bien travaillés et un développement talentueux des idéologies qu’elles soient de droite ou de gauche. Un couple d’enquêteur pas comme les autre puisque vingt ans les séparent, entre la jeunette Mélanie Legac et le vioc Joseph Schneider rien ne va et pourtant il faut apprendre à travailler ensemble. J’ai aimé l’alternance des chapitres « personnels » sur la vie privée de nos deux enquêteurs, notamment celle de Mélanie aux prises avec le mode de vie de ses deux adolescents. L’intrigue avance vite et on ne s’ennuie jamais tant les chapitres sont rythmés, il se passe toujours quelques choses et pas forcement ce à quoi on s’attendait. J’ai aimé le côté accessible et humain de ses personnages sans parler des victimes, ce qui donne aux lecteurs une grande empathie pour ce qu’ils vont vivre. Il y a une ou deux scènes parfaitement horribles et tellement bien écrites que j’avais l’impression de voir les images défiler sous mes yeux. J’ai eu des moments de jubilation lorsque des notions sur lesquelles je n’avais pas forcément réfléchi étaient abordées avec clarté m’apparaissant comme des révélations. Il y a aussi pas mal de touches d’humour, dans les descriptions vestimentaires ou encore dans l’attachement que certains peuvent porter à leur maman… j’ai passé un excellent moment de lecture avec ce polar qui a le mérite de faire réfléchir et de ne rien nous donner pour acquis. La couverture fluorescente du livre est originale même si je n’ai pas réussi a faire le lien avec son contenu mais au moins, elle permet de retrouver son bouquin même dans la nuit. Bonne lecture.
Citations :
Sa figure allongée accusait des cernes dus au manque de sommeil. S’il évitait de sourire, c’était parce que les bagues en acier censées redresser ses dents mal alignées le complexaient. Féru d’informatique, il maîtrisait l’outil à la perfection. Sa passion – son obsession –, c’étaient les jeux en réseau. Lorsque sa mère s’inquiétait de constater qu’il préférait la solitude à la compagnie des autres, qu’il n’avait ni copains ni petite amie, il rétorquait qu’en comparaison des personnages et des créatures des jeux, les « vraies personnes » étaient fades, décevantes.
– De vous à moi, la vie sans alcool, c’est bien, très bien […] pour les autres. Parce que quand vous êtes sobre, vous captez tout ce qui se passe autour de vous, vous voyez les gens tels qu’ils sont, de quoi avoir le cafard. Les dîners sont interminables, les conversations à crever d’ennui, les vacances en famille à se flinguer. Les femmes, vous n’avez plus envie de draguer les moches et vous n’osez plus approcher les belles.