Cataractes
Je remercie les Editions Denoël pour ce nouveau titre.
Sonja Delzongle
Ma chronique :
J’ai eu un gros coup de cœur pour ce livre. L’intrigue se joue sur plusieurs niveaux mais avant toute chose, on reste sur le fil du Natural writing et ça c’était beau, vraiment bien écrit. L’auteure nous embarque dans une région montagneuse de Serbie où il est question de sources cachées, d’eau contaminée, de barrage défectueux. Il y a aussi des personnages inquiétants, une sorte de Yeti serbe, entre Bigfoot et Golum, une mouvance extrémiste écolo, un psy pas net, un monastère sans moines, bref de quoi fournir une intrigue qui colle à la montagne et à notre peau comme la boue à celle de Kosta notre personnage principal. Kosta rescapé de la catastrophe de ZavoÏ qui a engloutie son village et toute sa famille, recueilli par Djol son sauveur il y a quarante ans de cela. Aujourd’hui, hydrogéologue, il vit à Dubaï et à la demande de son ami Vladimir, il va revenir dans sa région natale apporter son aide à la centrale. Ce retour va raviver de nombreux souvenirs et nous allons voir le personnage de Kosta évoluer. Il sera accompagné dans ses recherches par Marija, une journaliste à eux deux, ils vont enquêter dans des conditions aux quelles on ne s’attendait pas. Les personnages imaginés par l’auteure qui sont suffisamment bien construits pur qu’on s’y attache. Les descriptions de la nature, la montagne Babin Zub, le brouillard local la magla, le ton est donné pour une montée en puissance de la tension qui rend le roman anxiogène et captivant à la fois. Le conflit Serbo/Croate est abordé et constitue une toile de fond sans prendre la première place dans l’intrigue. J’ai aimé les allers retours dans le temps entre souvenirs et réalité. Un thriller qui nous apporte beaucoup de moments forts en émotions, des retournements brillants qui donnent force et intelligence au récit. Bonne lecture.
Citation :
Comme toi, les gens ont oublié leurs origines, leurs racines, la source. Ils ont perdu le peu de mémoire qu'ils avaient.
Soudé à la terre, à cet instant, Kosta redevient le rescapé du torrent d'eau et de boue qu'il n'a jamais cessé d'être. Toutes ces années loin d'ici, son existence confortable à l'étranger, n'ont finalement rien effacé. Juste recouvert. Ses racines sont restées mêlées à celles de ces arbres…