L'heure de plomb
Je remercie les Editions Gallmeister pour l'envoi de ce nouveau titre.
Hiver 1918. Le Nord-Ouest américain connaît l’apocalypse : l’un des pires blizzards de l’histoire du pays balaie tout sur son passage. Perdus dans la neige, pétrifiés par le gel, des jumeaux de quatorze ans, Luke et Matt Lawson, sont recueillis in extremis par une femme qui tente de les ranimer à la chaleur de son corps. Seul Matt reprend vie. Le lendemain, le voilà devenu un homme, trop tôt et malgré lui. Car le désastre l’a également privé de son père, le laissant à la tête du ranch familial. Labeur, amour, violence : face à la beauté sauvage de cette terre, Matt tente de maintenir un équilibre fragile.
Ma chronique :
Pendant la terrible tempête de 1918, Matt va perdre son frère jumeau et son père. Une série d’évènement va s’enchaîner aux conséquences imprévues et terribles à la fois. L’auteur excelle dans ce qui est de nous monter la condition humaine dans toute sa splendeur. Nous allons suivre comme dans une saga familiale, la trajectoire de deux personnages masculins entourés des femmes de leur vie, mère, femme, fille. Même s’il y a des temporalités différentes, le roman se déroule de 1918 au début des années 60. Il y a des moments où ils seront amenés à se croiser. Le personnage de Matt est celui qui m’a le plus frappé par sa force de caractère, sa solitude, ses blessures, sa droiture et par sa vie subit au lieu d’être vécue. J’ai trouvé ce livre rude où l’espoir côtoie la peur et l’amour la violence. Il y a aussi un côté lyrique dans cette grande saga américaine, cela m’a fait penser aux Raisins de la colère de Steinbeck avec cette Amérique profonde dont les personnages sont attachants autant que repoussant. Souvent j’ai été surprise par les réactions des personnages de Bruce Holbert à me demander pourquoi, il ou elle a réagit de cette façon. Une action qui se déroule lentement, les années passent, on verra vieillir les personnages, ce qui a son charme. Pour le côté Natural Writing, à part la première partie qui nous parle d’une tempête de neige phénoménale, de forêt où l’on se perd, l’accent sera plutôt mis sur les gens du cru, sur le dur labeur des ouvriers pour la construction de barrage ou encore sur les journaliers dans les fermes. Le siècle avance et avec lui la technologie, adieu cheval, bonjour Ford T. C’était parfois violent, sanglant et pourtant c’est un roman qui a su me captiver avec ses personnages atypiques et une histoire qui tisse sa toile et où chaque fil possède sa signification. Bonne lecture.
Citation :
Les filles étaient beaucoup moins naïves. Elles n'avaient qu'une envie : découvrir qui avait planté la graine. Les filles n'ont jamais été aussi romantiques que les garçons. Les gens se trompaient sur ce point. L'amour, c'étaient les garçons qui en rêvaient, les filles, elles, le comprenaient, et par conséquent ce n'était pas l'amour qu'elles recherchaient, mais les garçons.
Angel desormais âgée de quatre mois....elle cligna des yeux en le regardant, comme s'il était le ciel. Elle pleurait rarement ; Wendy mentionnait souvent son mérite à ce sujet. Matt voyait les choses autrement. Pleurer ne servait à rien ; c'était du temps de perdu. Cette enfant etait futée, tout simplement.