Animaux solitaires
Je remercie les Editions Gallmeister pour l'envoi de ce nouveau titre.
À l'instar des romans de Charles Portis ou de Cormac McCarthy, Animaux solitaires mêle avec brio les codes du western et ceux des plus grands romans noirs. Un premier roman remarquable dont on ne pourra oublier le héros mélancolique qui rêve d'imposer la justice aux confins de la civilisation. Quel que soit le prix à payer.
Ma chronique :
1932, Strawl officier de police à la retraite va reprendre du service et pourchasser un tueur en série, qui sème des cadavres d’indiens atrocement torturés. Tout cela se déroule dans le grand ouest américain entre vallées encaissées et canyon de la mort qui tue. Je n’ai pas pu m’empêcher de visualiser un John Wayne en fin de carrière dans le rôle de Strawl. Ce personnage principal est incroyable, il tient le roman à lui tout seul ou presque. Russell Strawl est un héros comme on n’en fait plus, entièrement dévoué à son travail même si cela doit être au détriment de sa vie familiale. Il est rude, infatigable et pas mal abimé par la vie mais il est encore capable d’amour… pour son cheval. On retrouve tous les thèmes classiques au western, cow-boys et Indiens, shérif et bandits et une histoire sanglante dans les contrées encore sauvages du grand ouest. Un récit sombre porté par une plume descriptive qui nous fait visualiser parfaitement les scènes et des dialogues réalistes qui bien souvent m’ont fait réfléchir. Un roman graphique où l’on trouve la brutalité et la violence inhérente à la nature humaine exacerbée par la solitude et la vie dans ces contrées reculées et sauvages. Strawl a une façon toute personnelle d’appliquer la loi et les thèmes de la justice, de la culpabilité et du jugement sont quasi bibliques. Il fait partie de ce genre de policier qui tire d’abord et discute après et ma foi à cette époque et dans ces lieux cela semble presque se justifier. C’était aussi impressionnant de voir les changements s’opérer en lui allant de l’homme sur de lui à celui qui accepte son destin. L’univers que nous présente Holbert dans ce roman est mythique et vraiment magnifique, un roman qui soulève plus de question qu’il n’y répond. Bonne lecture.
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Citation :
Votre beauté, c'est du verre, et elle reflète la beauté des autres comme un miroir. Vous êtes un miracle, mais vous ne le savez pas. Vous possédez une âme qui illumine le verre. Et si vous reconnaissiez votre propre lumière, vous pourriez espérer l'amour et le rendre.
Strawl retourna les braises agonisantes du matin puis vida dessus le reste de son café. La journée était encore fraîche, l'atmosphère oppressante de la veille avait laissé la place aux hautes pressions et à un ciel bleu. Il ferma les yeux pour les reposer après leur avoir fait subir la fumée de son feu de bois. Il se rappela avec envie la vision que possédaient ses premiers éclaireurs indiens. Ils percevaient des nuances de marron et de vert que personne ne parvenait à distinguer à part eux, ainsi que les formes susceptibles de se déplacer et les espaces qu'elles traversaient.