La course des rats
Je remercie les Editions Denoël pour ce nouveau titre.
Antonio Manzini
Trad. de l'italien par Samuel Sfez
Antonio Manzini est un acteur, scénariste, metteur en scène et écrivain italien.
Il a été d'abord acteur au cinéma et à la télévision.
Il est l'auteur des romans "Sangue marcio" (2005) "La giostra dei criceti" (2007), "Pista nera" (2013), "La costola di Adamo" (2014), "Non è stagione" (2015). Il met en scène un policier original, Rocco Schiavone.
Ma chronique :
Ils sont quatre criminels des banlieues romaines qui commettent un vol qui ne se termine pas de la façon qu’ils avaient espéré. Au même moment des fonctionnaires hauts placés décident de recourir à une solution drastique nommée « An zéro » pour faire faire des économies à la caisse des retraites. Ces deux événements vont faire intervenir deux frères à différents niveaux. Deux hommes pas très futés, vont déclencher une série d’aventure allant du petit bandit au chef de la Camorra et mettant en scène un général, des membres de la bureaucratie, un prêtre et une superbe jeune femme amoureuse. Tous vont tenter de tirer leur épingle de ce jeu de dupes mais la fatalité, le destin est là qui rode.
« Des gens qui meurent sans raison, sans utilité. Qui ont vécu sans savoir, et s’en vont sans savoir. »
L’auteur possède une superbe écriture qui sait faire ressortir les éléments comique à l’intérieur même de la tragédie. Un thriller noir et triste avec des envolées quasi poétiques qui apportent une touche d’émotions dans ce monde de brutes. L’histoire se tisse en mêlant les deux intrigues avec des passages savoureux notamment lorsqu’il y a une grand-mère concernée. On ressent très fort une forme de désenchantement, de perte des rêves et malgré tout l’amour est présent sincère et puissant. Je n’arrive pas à imaginer un monde aussi corrompu et sale tel qu’on nous le présente dans ce livre avec un chacun pour soi et une dévotion à l’argent qui rend chaque comportement d’un cynisme à pleurer. La fin n’est pas celle que j’aurai souhaitée mais elle est pleine de rebondissements et possède une qualité graphique telle que je pouvais voir le film se dérouler devant mes yeux. Bonne lecture.
Citation :
Ce soupir de douleur, ce « ehhh » que sa grand-mère laissait échapper dans la conversation, comme si ses poumons avaient une fuite de gaz, mettait Diego hors de lui. Il avait envie de la gifler chaque fois que ce « ehhh » franchissait ses lèvres. C’était un « ehhh » lourd de sens. Elle le prononçait avec résignation, il signifiait : « Ehhh… Je suis vieille et fatiguée, personne ne m’aime, vous m’avez abandonnée, je suis un poids et vous avez hâte que je meure. »
Elle se pencha pour prendre l’autre verre, révélant la moitié de ses seins en coupe, durs comme le marbre. La vue de Linceul se brouilla. Alessia avait une odeur de femelle. De femelle dominante. Celle qui donne les meilleurs enfants, pour laquelle les mâles se battent à la saison des amours. Mais avec Manolo, inutile de lutter.