La Lame
Je remercie les Editions Metropolis pour l'envoi de ce nouveau titre.
Frédéric Mars
Né en 1968, Frédéric Mars est l'auteur de nombreux best-sellers. Il a notamment signé les thrillers Le Manuel du serial killer (Hachette) et Les Marcheurs (La Mécanique Générale). Passionné par le cinéma anglais et la photographie en noir et blanc, il se consacre aujourd'hui à l'écriture.
Dans une France proche et obscure à la cité de La Solidarité, quartiers nord de Marseille : l'officier de PJ Simon Mardikian découvre le cadavre ravagé d'une jeune prostituée noire, Joy, alias Queen, sans identité définie. Son enquête sur les réseaux mêlant drogues, migrants et traite d'êtres humains ne fait que commencer.
Le lendemain, à Lagos, capitale du Nigéria, dans le bidonville flottant de Makoko, l'instituteur Sékou Williams tient tête au dealer Kaza qui cherche à recruter des revendeurs parmi ses élèves. Mais soudain s'abat une immense vague-submersion, dispersant des milliers de réfugiés à travers le continent africain.
Au même moment, à l'Élysée, le président de la République Bako Jackson annonce sa candidature à sa propre réélection. Il en profite pour dévoiler le renforcement du dispositif Frontex. C'est sa fermeté sur les questions migratoires qui a valu à ce fils de pasteur nigérian de ravir le pouvoir à l'extrême droite en 2027. À peine a-t-il achevé son allocution qu'on lui annonce la catastrophe climatique de Lagos.
Ces trois histoires ne vont pas tarder à se rencontrer, d'une manière qui pourrait bien changer le monde.
Ce qui va les réunir ?Une lame, rien qu'une lame, qui déjà déferle et emporte tout sur son passage...
Basé sur les prospectives des plus éminents spécialistes des mouvements migratoires, La Lame vous propulse dans un thriller politique haletant où les lignes entre le réel et la fiction se brouillent jusqu'à devenir une seule et même piste.
Ma chronique :
L’auteur nous présente un futur proche à l’horizon des années 2030 guère réjouissant. Où les sujets qui font déjà débat dans notre société à l’heure actuelle sont amplifiés par des lois de plus en plus dures. On retrouve les thèmes du trafic d’êtres humains, de la migration des populations et du dérèglement climatique et bien entendu de la politique des Etats. Tout cela poussé à son paroxysme avec son lot d’horreur et de violence. Ce qui m’a le plus frappé dans ce roman c’est son côté prophétique et ultra réaliste pour moi cela a été un coup de cœur. Oui tout ce qui s’y passe pourrait tout à fait faire la une des faits divers de demain parce que 2030, il faut bien le dire c’est déjà demain. Des chapitres courts et percutants nous laissent à peine le temps de prendre une respiration avant de retomber en apnée. L’intrigue se veut multiple avec différents personnages tous plus attachants les uns que les autres. L’emploi de nombreux sigles m’a dérangé jusqu’à ce que je découvre un glossaire en fin de livre, merci pour cela. Le fait d’avoir différentes perspectives avec des personnages liés entre eux et leurs points de vue qui convergent tous au moment du dénouement était captivant et donne a ce thriller toute sa force. On sent aussi que l’auteur a fait un gros travail de documentation sur les flux migratoires jusque dans le dialecte local de Lagos nous donnant à réfléchir sur la politique et la gestion de ces problèmes. Un thriller palpitant avec des moments intenses où l’on se laisse prendre par des informations dont on ne sait plus très bien si elles font parties de la fiction ou bien si elles pourraient faire partie de notre réalité ou encore de notre futur. Le titre est très parlant car il regroupe en lui seul plusieurs significations celle de la lame de la vague - submersion de Lagos mais aussi la lame du couteau ou encore les lames d’un jeu de tarot, c’est excellent et bien vu. Bonne lecture.
Citation :
Ce n’est qu’au tout dernier moment, presque au contact, qu’il a aperçu la pointe immaculée jaillir dans sa direction. Cette lame blanche, souple, presque fragile, qui est pourtant entrée en lui sans effort. Il a senti le souffle de son agresseur dans son cou, souffle court, plein de rage. Il a perçu le murmure haineux à son oreille.
Et quand toute la longueur a pénétré ses entrailles, leurs deux ventres se sont presque rejoints. Durant une seconde, la lame les a unis. Elle a effacé les siècles d’humiliation et de rancœur. Il n’y a plus de dominant ou de dominé. Il n’y a plus que leurs panses, l’une plus creuse que l’autre, certes, mais toutes deux affamées de paix.
La vague avait élagué tout ce qui dépassait.La lame rasait la vie de si près qu’il n’en restait plus rien.