Par l’auteure de Block 46, traduit dans 20 pays
[Sång] : nom fém. En suédois, signifie « chanson »
En Suède, une famille est massacrée dans sa luxueuse demeure. Ce terrible fait divers rappelle sur ses terres Aliénor Lindbergh, une jeune autiste Asperger récemment entrée comme analyste à Scotland Yard : ce sont ses parents qui ont été assassinés.
Avec son amie Alexis Castells, une écrivaine spécialisée dans les crimes en série, la profileuse Emily Roy rejoint sa protégée à Falkenberg, où l’équipe du commissaire Bergström mène l’enquête. Ensemble, elles remontent la piste du tueur jusqu’à la guerre civile espagnole, à la fin des années 1930, lorsque le dictateur Franco réduisit toute résistance au silence, dans le sang.
C’est toujours un grand plaisir que de retrouver l’écriture de Johana Gustawsson. Voici le troisième volet qui fait suite à Block 46 et à Mör. Emily Roy et Alexis Castells sont une fois de plus à l’œuvre. SANG peut être lu indépendamment mais pourquoi vous priver, alors que les deux premiers romans sont passionnants. Comme souvent on trouve un jeu passé présent, qui nous emporte cette fois-ci en Espagne au temps du franquisme, de la guerre civile, des prisons de femmes et des orphelinats. Puis de nos jours, La profileuse Emily Roy va enquêter sur le massacre de la famille Lindberg à Falkenberg en Suède ne laissant qu’une seule survivante. Aliènor Lindberg vient juste d’intégrer les rangs de Scotland Yard fera elle aussi partie de l’enquête. Alexis Castells les assiste avec son grand talent d’écrivaine. Le personnage d’Emily reste toujours de glace et entre rarement dans le jeu des convenances sociales. J’avais hâte de voir de quelle manière ces deux lignes allaient rentrer en contact et j’ai apprécié totalement le scénario inventif et brillant. On a ainsi deux histoires dont chacune est fascinante mais celle du passé l’a emporté dans mon cœur. Car ce sont bien les chapitres traitant de la dictature de franco qui m’ont le plus fait vibrer. Le sujet qu’a choisit l’auteur est fort et nous prend aux tripes lorsqu’il est question des victimes et des bourreaux de cette époque. Un thriller fort bien mené avec de nombreux rebondissements et des situations complexes, même si j’ai trouvé quelques similitudes avec la trame de Block 46, où les méchants étaient les nazis, cela ne m’a pas empêché de fondre pour les personnages qui se débattent sous Franco pour survivre. Ce fut une lecture intense et tragique. Les thèmes évoqués sont actuels et viennent parfaitement vous remuer. J’adore tous les petits détails qui sont semés sur le chemin et qu’il ne faut surtout pas négliger sous peine de passer à côté de la résolution du mystère. Bonne lecture.
Citations :
Un poids lui lesta soudain le bas-ventre, comme si une lourde pierre lui écrasait le bassin. C’était là que sa colère cachée s’amassait. Un problème de « territoire », de « positionnement par rapport au groupe », d’après son acupuncteur. Soit. Pourquoi pas ? Ce soir, elle avait en effet la sensation d’être un atome perdu.
Kerstin aurait voulu suspendre le temps. Étreindre ces quelques secondes où elle pouvait encore retenir le monstre. Le cacher. Le dompter.
Mais elle n’avait plus eu le choix.