Les Roses de la nuit
Je remercie les Editions Métailié pour ce nouveau partenariat.
Arnaldur Indridason est né à Reykjavík en 1961. Diplômé en histoire, il est d'abord journaliste et critique de films, puis il se consacre à l'écriture à partir de 1997. Il est l'un des écrivains de romans noirs les plus connus en Islande et dans les 37 pays où ses livres sont traduits. Il a reçu la plupart des grands prix internationaux de roman noir. Le Sunday Times le classe parmi les 100 plus grands écrivains du monde depuis 1945, aux côtés d'Agatha Christie, Simenon et Mankell.
La vengeance des victimes.
Elle est condamnée, il l'aime, elle l'entraîne dans sa vengeance mortelle.
A la sortie d'un bal, un couple pressé se réfugie dans le vieux cimetière, mais au cours de leurs ébats la jeune femme voit un cadavre sur une tombe et aperçoit une silhouette qui s'éloigne. Elle appelle la police tandis que son compagnon, lui, file en vitesse. Le commissaire Erlendur et son adjoint Sigurdur Oli arrivent sur les lieux pour découvrir la très jeune morte abandonnée sur la tombe fleurie d'un grand homme politique originaire des fjords de l'Ouest.
La victime a 16 ans, personne ne la connaît, elle se droguait. Erlendur questionne sa fille Eva Lind, qui connaît bien les milieux de la drogue pour en dépendre. Elle lui fournit des informations précieuses et gênantes à entendre pour un père. Il s'intéresse aussi à la tombe du héros national et va dans les fjords de l'Ouest où il découvre une amitié enfantine et une situation sociale alarmante. La vente des droits de pêche a créé un grand chômage et une émigration intérieure massive vers Reykjavík, dont les alentours se couvrent d'immeubles modernes pour loger les nouveaux arrivants. Sigurdur Oli, lui, s'intéresse plutôt à la jeune femme qui les a appelés.
Le parrain de la drogue, vieux rocker américanisé et proxénète, est enlevé au moment où la police révèle ses relations avec un promoteur immobilier amateur de très jeunes femmes. Pendant ce temps, contre toute déontologie, Sigurdur Oli tombe amoureux de son témoin.
Avec son duo d'enquêteur emblématique et classique, Erlendur, le râleur amoureux de l'Islande, et Sigurdur Oli, le jeune policier formé aux États-Unis, Indridason construit ses personnages et nous révèle leur passé, tout en développant une enquête impeccable dans laquelle on perçoit déjà ce qui fait l'originalité de ses romans : une grande tendresse pour ses personnages et une économie de l'intrigue exceptionnelle.
Ma chronique :
Un couple d’amoureux trouve refuge dans un cimetière pour héberger leurs amours clandestines. La jeune femme découvre le corps d’une junkie déposé sur la tombe du très célèbre Jon Sigurdsson héros de l’indépendance islandaise. Le commissaire Erlendur et son co-équipier Sigurdur Oli vont suivre la piste des fjords de l’Ouest d’où le grand homme était natif. On découvre à cette occasion la situation déplorable des petits pêcheurs qui se retrouvent au chômage et sont obligés d’émigrer vers la capitale à cause de la modification des quotas de pêche. Cela donne beaucoup d’informations qui ne sont pas forcément utile à l’intrigue mais nous font nous questionner sur les dessous sombres de cette société islandaise dite « parfaite ». Ils partent de presque rien pas de nom, pas de motif mais peut-être un témoin. Au même moment un des suspects, proxénète et trafiquant de drogue est enlevé juste après son interrogatoire. La tension monte et prend une ampleur dans ce pays où le calme règne la plus part du temps. Indridason , comme toujours sait parfaitement nous montrer l’envers de la carte postale Islandaise, en se focalisant sur les marginaux de la société, jusqu’où peuvent aller les gens pour gagner leur vie. Une enquête menée avec brio et qui tient bien la route tout en restant très minimaliste au final. On s’attache rapidement aux différents personnages mais je dois dire que le duo d’enquêteurs est un précieux atout. Il y a un côté très humain et beaucoup de tendresse dans les rapports complexes qu’entretient Erlendur avec ses enfants ou encore son collègue. Dommage que dans cette histoire, il n’y ait pas eu de surprise car, j’avais pressenti le coupable assez tôt dans le récit. Cependant cela n’enlève rien aux qualités narratives de l’auteur qui nous fait entrer dans l’ambiance et la culture islandaise comme personne. Bonne lecture.
Citations :
Nous sommes comme le cabillaud. En dessous d'un certain nombre d'individus, les bancs se dispersent puis disparaissent. Je crains que cela ne s'applique également à l'espèce humaine. Quand les gens quittent les villages comme le nôtre, la vie ralentit. D'ici peu, elle sera complétement éteinte.
Sigurdur Oli ronflait doucement , assis sur son fauteuil.
- C'est la télévision nationale, répondit Erlendur. Elle aurait le pouvoir d'assommer un troll.