Donbass
Je remercie les Editions Equinox - Les arènes pour ce nouveau titre.
Benoît Vitkine
Biographie de l'auteur
Sur la ligne de front du Donbass, la guerre s’est installée depuis quatre ans et plus grand monde ne se souvient comment elle a commencé.
L’héroïsme et les grands principes ont depuis longtemps cédé la place à la routine du conflit.
Mais quand des enfants sont assassinés sauvagement même le Colonel Henrik Kavadze, l’impassible chef de la police locale, perd son flegme.
Un enquêteur dans le bourbier ukrainien, le thriller du correspondant du Monde à Moscou.
Sur fond de conflit Ukrainien, une guerre qui dure depuis six années, qui s’enlise et qui n’en finit pas. On découvre le corps d’un jeune garçon de 6 ans, lui ce n’est pas la guerre qui l’a tué mais bien un homme, un psychopathe dont on devine qu’il va sans doute recommencer c’est ce que font les psychopathes non ? Au milieu des bombardements constants, le colonel Henrik Kavadze va mener son enquête en franchissant régulièrement la ligne de front. On a affaire à un flic complètement blasé, usé par la situation de son pays mais aussi par ses problèmes familiaux. Au-delà dune intrigue policière passionnante, on apprend à connaître ce conflit sur lequel je ne savais pas grand-chose, même le mot Donbass m’était inconnu, c’est dire. C’est là tout le talent de l’auteur qui sait si bien nous faire partager la petite et la grande histoire, pour un premier roman c’est remarquable. Il faut dire que Benoît Vitkine est le correspondant du Monde à Moscou depuis quinze ans ceci explique cela. Pourtant même si son style est direct et sa façon de nous faire vivre cette ambiance apocalyptique réaliste, il possède une belle plume qui ne fait pas abstraction des émotions. J’ai été touché par le statut des femmes et particulièrement des vielles femmes, ces babouchkas, celles qui sont encore là alors que leurs maris sont tombés depuis bien longtemps. La pauvreté, la misère, l’alcool, la drogue, le manque de tout, nourriture, chauffage nous donne un aperçu des conséquences de la dislocation de l’URSS et de ses guerres intestines. Un bel ouvrage à la fin surprenante. Bonne lecture.
Ces vieilles femmes qui trompaient la mort en croquant de grosses parts de tarte avec leurs dernières dents accentuaient sa peine. Malgré leur enthousiasme un peu enfantin, malgré leur obstination à préserver dans la guerre l’illusion d’une vie normale. Elles étaient des survivantes. Le quartier était rempli de ces veuves impassibles. Le pays pouvait bien s’étriper, elles continueraient à fabriquer des confitures et à mariner des champignons. Leurs maris s’étaient agités toute leur vie, puis leurs cœurs avaient lâché, fatigués de tant donner à des corps trop massifs, à des vies trop brutales. Elles, elles restaient. Elles vivaient quinze ans, vingt ans de plus que leurs hommes. Et pendant vingt ans, elles enfilaient chaque jour les mêmes chaussons, les mêmes robes de chambre. Elles accomplissaient consciencieusement la routine de leurs petites vies. Elles y déployaient même une force surprenante.
Que serait-il devenu ? Flic ? Qui avait besoin de lui hors de son Donbass ? Il aurait été un réfugié, rien de plus. Un alcoolique paumé, un déraciné sans argent ni avenir. Il comprenait ceux qui restaient, qui refusaient de quitter leur terre, les quatre murs patiemment bâtis. Il n’était pas différent deux. Ailleurs, il n’y avait rien, il n’était rien.