Ce qui reste de candeur
Je remercie les Editions Jigal Polar pour l'envoi de ce SP.
Thierry Brun
Ma chronique :
Un personnage central autour duquel tout semble tourner. Thomas Boral est un sale type, qui aimerait bien laisser son passé d’homme de main derrière lui. C’est sans compter la haine que son ex-employeur et toute son organisation lui porte alors qu’il les a trahis pour sauver sa peau. Il est sous protection policière car il doit témoigner dans le procès à venir. Cette période d’attente qui voit monter en lui toutes les névroses imaginables n’est pas de tout repos. Une écriture acérée pour nous faire plonger dans le destin de cet homme, sans sa solitude, voulue et subie. On pourrait presque parler d’un polar rural puisque toute l’intrigue se passe dans un lieu isolé, une planque non loin de Mazamet. Mais il y a malgré tout des voisins et quels voisins ou plutôt quelle voisine ! J’ai adoré suivre les mésaventures de Boral, un peu comme si toutes les malédictions s’abattaient sur lui. Pour un homme qui veut se fondre dans le paysage, côté discrétion, on repassera. La région de la Montagne Noire prend une belle place dans ce roman. L’auteur n’est pas avare de descriptions autant de la météo et des déluges qui s’abattent sur le pauvre monde que de la géographie qui offre de belles lignes quasi poétiques. Un livre court qui se lit d’une seule traite tant on a envie de savoir ce qui va arriver à notre personnage principal. Un récit où se mêle les désordres de mère nature et la vie des hommes, leurs souffrances et leurs violences. Et puis il y a Delphine qui dès le départ apparaît comme le grain de sable qui empêchera la machine de tourner et on n’est qu’au début de nos surprises avec elle. Un roman fort qui pourrait bien vous plaire autant qu’à moi. Bonne lecture.
Citation :
Encore une fois, son regard me troubla. J’y lus une véritable menace. Je fus interloqué. Mais Delphine se reprit et ramassa ses affaires, tête baissée. Le soleil était haut, la lumière brûlante, le jardin d’une beauté faite pour l’amour. Ainsi, l’horreur et le paradoxe étaient parfaits. Je la chassai en la poussant vers la véranda. Nous marchâmes en silence. La piscine était immobile et bleue, l’allée, bordée de lourdes pierres granitiques, chaude et douce sous la plante de mes pieds. Tout respirait la vie. Mais je ne m’aventurai pas sur ce terrain, je restai sur mes gardes. Maintenant, Delphine me suivait en montrant combien elle acceptait de m’obéir. Je me détestais d’agir ainsi : pas vraiment avec les gens, continuellement aux aguets prêt à esquiver.