Tu entreras dans le silence
Je remercie les Editions Jigal Polar pour l'envoi de ce SP.
Maurice GOUIRAN
Ma chronique :
Encore une fois, l’auteur va explorer une partie méconnue de l’Histoire de France. Ici l’arrivée de la 1ère Brigade Russe, débarquée à Marseille en Avril 1916 afin de renforcer les troupes françaises qui manquaient d’hommes contre l’envoi de matériel militaire aux armées du Tsar. Personnellement j’adore cette capacité de l’auteur à se mettre à la place de la soldatesque, à comprendre leurs espoirs, leurs envies et tout ce qui faisait le quotidien des soldats dans les tranchées. On ne redira jamais à quel point la première guerre mondiale a été une boucherie pour tous ces jeunes hommes qui sont morts où sont revenus handicapés où défigurés à vie. Nous allons faire la connaissance d’un groupe de soldat russe, Kolya qui parle français et adore notre pays, Slava au passé sulfureux, Iouri qui n’est là que pour assouvir une vengeance personnelle et Rotislav fils de paysan qui n’avait rien demandé. Pendant ce temps la révolution Russe à lieu dans leur pays, évidemment cela remets en question leurs présences. Comment vivre après avoir survécu au front de Champagne et au Chemin des dames ? Vouloir participer à la révolution à Moscou, mais à quel prix ? Un roman noir, sur une période terrible que fait revivre avec talent Maurice Gouiran. J’ai été tout de suite happée par le travail sur les personnages qui sont tous différents et qui forme rapidement un groupe unis. On s’attache rapidement aux uns et aux autres, Kolya étant mon préféré. La narration est entrecoupée de chapitre en italique, écrit à la seconde personne pour mieux nous faire entrer dans ce que vit et ce que pense le personnage. Le récit se déroule sur deux années d’avril 2016 à avril 2018. Il fallait tout le savoir faire de l’auteur pour nous faire revivre au plus près ces années de grands bouleversements tant dans la vie des gens que dans le monde. Bonne lecture.
Citation :
Les temps modernes ont inventé un nouveau type d’affrontement. Terminées les grandes cavalcades héroïques, sabre au clair, des hussards d’antan. La guerre d’aujourd’hui nous transforme en cancrelats. On se terre des jours et des nuits dans le sol hâtivement creusé. On sacrifie un millier d’hommes en quelques heures pour gagner les dix mètres qu’on perdra le lendemain sous le feu des boches et au terme d’une retraite qui nous coûtera encore un millier d’hommes !