Tuer le fils
Je remercie les Editions de la Manufacture de Livres pour ce partenariat.
Benoît Séverac
Ma chronique :
Que ça fait du bien de lire un nouvel auteur avec un tel talent d’écriture, un style personnel qui m’a captivée. Mathieu sort à peine de prison que son père se fait assassiner. L’enquête est confiée à l’inspecteur Cérisol et son équipe. Une équipe constituée de Nicodemo , un ancien qui traverse un passage à vide et de Grospierres bardé de diplôme qui, à peine arrivé voit en Cérisol un modèle. Matthieu avait une relation très difficile avec son père et à travers un atelier d’écriture proposé à la prison par un romancier, on va avoir accès au cahier de travail de Mathieu. Il va y avoir des chapitres très intéressants sur l’écriture. On va comprendre ce qui s’est joué entre lui et son père alors qu’il n’était qu’un enfant. Cérisol quant à lui est marié depuis de nombreuses années à Sylvia qui est aveugle, bien que cela ne l’empêche pas d’avoir une vie bien remplie puisqu’elle est une sportive de haut niveau. Il y a de très belles phrases posées par sa femme sur sa cécité c’est bien écrit et plein d’émotion. J’ai aimé les sujets abordés dans ce roman, le lien père fils poussé à son extrême mais aussi l’absence de la mère. Un roman noir qui se lit avec facilité, c’est une belle découverte. J’ai trouvé de la profondeur dans l’histoire de Mathieu, les personnages sont denses et apportent chacun leur vision du monde. Un roman brillant et une plume fabuleuse qui donne une atmosphère tout en émotion. C’était superbe de ressentir les échos de l’affaire Mathieu Fabas sur Cérisol, tout ce que cela réveil en lui comme blessures, regrets c’est vraiment puissant et bien amené. Alors même si tout accuse Matthieu, avec la personnalité que révèlent ses écrits, on a du mal à croire à sa culpabilité. Une histoire d’homme, de filiation à vivre intensément en lisant Tuer le fils. Bonne lecture.
Citation :
Cérisol réfléchit. Le repas de quartier, c’était le test ultime pour savoir si un citoyen pouvait s’intégrer à la meute ou pas. Si tu n’aboyais pas avec eux, les membres de la communauté se retournaient contre toi et te mordaient à mort.
Cérisol sourit. Ce petit con était décidément trop intelligent pour ce métier. C’était la dernière fois qu’il prenait un flic avec une thèse de doctorat dans son équipe. Entre Lachalala-truc qui ne savait même pas que l’Afrique du Nord avait été française et Grospierres, le grand écart faisait mal aux adducteurs.
– On est hors micro, maintenant. Vous pouvez nous parler normalement.
Mais Fabas se replia sur lui-même, attendant les instructions de son avocat avant de prononcer la moindre parole.
À certains moments, il ressemblait à un lapin piégé au fond de son terrier ; à d’autres, à un lutteur moldave à qui on aurait volé ses économies.