La Deuxième Femme
Je remercie les Editions JC Lattès / le Masque pour cette nouvelle lecture.
Louise Mey
Mais plus rien de cela ne compte le jour où elle rencontre son homme, et qu’il lui fait une place. Une place dans sa maison, auprès de son fils, sa maison où il manque une femme. La première. Elle a disparu, elle est présumée morte, et Sandrine, discrète, aimante, reconnaissante, se glisse dans cette absence, fait de son mieux pour redonner le sourire au mari endeuillé et au petit Mathias.
Mais ce n'est pas son fils, ce n'est pas son homme, la première femme était là avant, la première femme était là d'abord. Et le jour où elle réapparaît, vivante, le monde de Sandrine s’écroule.
Lorsque la condition de la femme passe par la moulinette de Louise Mey, on ne ressort pas indemne du nouveau roman de Louise Mey. Sandrine est une jeune femme qui vit sous l’emprise de son compagnon. Elle est notre personnage principal même si elle arrive en deuxième position, car, elle est la deuxième femme. Cela veut dire qu’il y a eu une première femme avant elle. Une femme qui a disparu mais qui contre toute attente revient. Plus on avance dans la lecture et plus on prend note de l’ampleur de la toxicité de la sa relation avec cet homme. On ne peut pas s’imaginer les choses que l’on peut faire et accepter au nom de l’amour. Au fil des pages, une tension insoutenable se met en place et on craint le pire à chaque page tournée. J’ai trouvé très fort le lien que ses deux femmes vont tisser tout en suspicion, jalousie, peur. Lorsque la première femme revient, Sandrine remet en question, sa position, sa place, sa raison d’être. Jamais je n’aurai pu imaginer ce qui peut se dérouler de pervers, de délétère au sein même d’un foyer qui vu de l’extérieur, présente bien. C’est là tout le talent de l’autrice, de nous faire suivre en parallèle l’enquête au côté de deux policiers dont l’un est une femme extraordinaire qui ne lâche rien. Ce personnage secondaire apporte une notion d’aide et de soutien bienvenue, une sorte de grande sœur sur qui l’on peut compter. J’ai aussi été touchée par la mauvaise image qu’à Sandrine d’elle-même car on s’aperçoit que sa vision est faussée et qu’elle est en fait une belle jeune femme. Alors pourquoi, que s’est-il passé pour qu’elle en arrive à ce point ? Elle n’est pas tendre avec elle-même avec des voix intérieures qui l’abaisse plus qu’elles ne la renforcent. Un roman noir à la dimension psychologique intense qui ne laissera aucune femme indifférente, qu’elle soit fille, femme ou mère. Bonne lecture.
Elle connaissait deux regards, deux regards d’homme seulement, celui qui détaille et qui rejette ; et celui qui détaille et qui a faim. L’indifférence et la menace, seulement, dans toute sa vie.
Leurs mains se touchent et encore une fois ce contact ouvre des portes quelque part dans Sandrine, un quelque part d'autre où elle peut toucher des gens sans que ça veuille rien dire, que des mains qui se posent, gentiment, parce que les humains parfois se touchent pour avoir chaud ou trouver leur chemin.