La mémoire du temps
Je remercie les Editions Les Nouveaux Auteurs pour l'envoi de ce nouveau titre.
Un thriller surprenant sur la force de la mémoire et la transmission des secrets.
Gagnant grand Prix Femme Actuelle 2018.
Alice est une brillante critique gastronomique parisienne, mariée à un écrivain célèbre et mère de famille épanouie, à qui tout semble sourire. Jusqu'au jour où, sans raison apparente, son corps commence à montrer des stigmates d'automutilation. Des marques progressives, apparaissant principalement durant son sommeil et allant jusqu'à des brûlures très importantes, qu'aucun médecin, psychiatre ou marabout ne semble pouvoir arrêter.
Lors d'une première séance de psychanalyse sous hypnose avec le professeur François Strootman, neuropsychiatre et sommité internationale aux méthodes parfois expéditives, Alice est victime d'un effroyable cauchemar : elle semble revivre le calvaire d'une adolescente allemande, Lisa, disparue dans des conditions étranges 80 ans plus tôt, dans une Allemagne sur le point de basculer dans la Seconde Guerre mondiale.
Qui est cette mystérieuse Lisa ? Alice n'en a aucune idée. Personne dans sa généalogie où ses souvenirs ne correspond à cette description. Alors, est-elle réelle ou imaginaire ? Quel secret la mémoire d'Alice lui cache-t-elle? Pourquoi son subconcient deviendrait-il hostile ?
C'est le point de départ d'une intrigue hors du commun, où les deux personnages verront basculer à de nombreuses reprises l'édifice de leurs certitudes !
Ma chronique :
Mon coup de cœur de l’été à n’en point douter, ce roman gardera une place à part dans ma mémoire. Oui, on aborde un thème rarement abordé dans les romans, celui de la psycho-généalogie avec une pointe de mystère qui rend le tout extrêmement prenant et captivant. Avec une double temporalité, l’auteur nous fait voyager au présent, avec Alice qui présente des symptômes inquiétants de brûlures énigmatiques et en 1937 avec la jeune Lisa qui disparaît dans des conditions obscures. Le mari d’Anna lui obtient un rendez-vous avec un éminent neurologue. Les séances se feront sous hypnose, les cauchemars d’Alice vont alors se révéler comme une fenêtre ouverte sur un autre temps. J’ai été charmée par le côté psychologique de l’intrigue et il faut reconnaître un excellent travail de recherche pour nous parler aussi bien des mécanismes de la mémoire. Le sujet était vaste cependant le choix de l’auteur de s’en servir comme support à l’intrigue était judicieux et brillamment mené. L’autre versant de l’intrigue est son côté historique, nous sommes juste à l’aube de la seconde guerre mondiale et l’Allemagne va sombrer irrémédiablement dans le nazisme. Partir d’un fait réel rend le récit encore plus poignant et y mêler sa propre fiction relevait du challenge, c’est grandement réussi à mon humble avis. Même si dès le début on subodore que les deux histoires vont se rejoindre à un moment, c’était quelque chose de voir l’intelligence avec laquelle l’auteur met tout en œuvre pour nous faire voyager avec ses deux protagonistes pour lesquelles j’ai éprouvé beaucoup d’empathie. Je me suis surprise à aller visionner les images d’époque sur le sujet de quoi faire effectivement des cauchemars. L’écriture a su m’emporter dans les scènes d’action et de suspense tant et si bien que je pense que ce roman servirait parfaitement de scénario cinématographique tant les scènes lues ont un côté visuel très fort. Bonne lecture.
Citations :
L’hypnose, c’est un peu comme la plongée sous-marine. Votre conscience est à la surface et votre inconscient en profondeur. Pour l’atteindre, ce qui est le plus difficile, c’est la descente et parfois la remontée. C’est pour cela que j’ai souhaité que vous soyez là. Et quelque chose me dit que pour accéder à la raison qui mutile votre corps, dit-il en regardant Alice, je vais devoir chahuter un peu vos résistances. Ce ne sera probablement pas sans quelques effets secondaires.
C’est lorsque notre conscience refoule les traumatismes que notre subconscient prend le contrôle. En règle générale, c’est pour arranger les choses. Il nous permet de panser nos plaies, du moins en surface. Il est une partie de nous-mêmes. Une partie immergée, mais qui dirige la plupart de nos pensées, de nos attitudes.