La Confidente
Je remercie Fleuve Editions pour cette nouvelle lecture.
Traduction : Sévrine Quelet
Renée Knight est réalisatrice, productrice et auteure de documentaires pour la télévision et le cinéma. Révélée (Fleuve Éditions 2014, 10-18 2016) son premier suspense, best-seller en Angleterre, traduit dans le monde entier et en cours d'adaptation cinématographique, l'a imposée comme une nouvelle voix incontournable du polar britannique.
Il n'y a qu'un pas entre la loyauté...et l'obsession.
Regardez autour de vous. Qui détient le plus de pouvoir dans la pièce ? Est-ce celui qui parle le plus fort ou celui qui a le plus d'argent ?
Ou peut-être est-ce quelqu'un comme Christine Butcher : une figure douce et invisible, un témoin silencieux lorsque les informations sont partagées et les secrets murmurés.
Quelqu'un qui, tranquillement, parfois même sans le vouloir, accumule des connaissances sur ceux qu'elle est venue servir –; ceux qui ne vont pas faire attention à elle.
Mais lorsque quelqu'un comme Christine Butcher est poussé à bout, elle pourrait bien devenir la personne la plus dangereuse et la plus puissante de la pièce...
Ma chronique :
Christine Butcher est secrétaire depuis près de vingt ans au siège social des supermarchés Appleton. Sa patronne Mina Appleton est en plein procès, la gestion de l’entreprise familiale ayant dérapée vers des pratiques frauduleuses. Le personnage de Christine est effacée, elle est détentrice des secrets de Mina, elle sait tout et ne dit rien, elle ne semble pas avoir de Mina une vision réaliste. A la suite du procès tout cela est sur le point de basculer. Ce livre se lit rapidement tant il a eu pour moi un côté addictif et pourtant, il a une construction qui pourrait s’apparenter à celle d’un journal intime. Il n’y a qu’un seul point de vu, celui de Christine qui nous relate sa vie professionnelle auprès de sa patronne. Même si les thèmes abordés sont parfaits : pouvoir, vengeance, trahison, loyauté, les personnages n’ont pas suffisamment de profondeur pour que leur comportement soit crédible et surtout ils sont antipathiques au possible. On ne devient pas une « Mina » de but en blanc, j’aurai aimé en apprendre plus sur elle mais aussi sur Christine. Alors que celle-ci semble avoir eu une enfance « normale », un mariage heureux. Qu’est ce qui la pousse à agir ainsi ? Il est évident que si on le provoque, même la réaction de quelqu’un de discret peut nous surprendre. Pour ce qui est de l’écriture, on a ici un long monologue avec des dialogues occasionnels. Du coup les événements progressent lentement et sont peu passionnants, un peu ennuyeux à ce stade même s’il y a eu des moments de bon suspense. Je sentais bien que cela nous préparait à une fin inattendue. Jamais je n’aurai pu prédire cette suite mais pour moi c’était définitivement trop. L’intrigue devient bizarre et pour tout dire c’est assez choquant. Un livre fait pour un lecteur patient qui aime les combustions lentes. Bonne lecture.
Citations :
J’ai senti l’ancienne Mina revenir dans la pièce. Pleine d’assurance, confiante, hardie.
— Vous savez que je ne vous demanderais pas cela s’il y avait quoi que ce soit d’illégal dans ces cartons. Un autre ?
Elle a pris mon verre et l’a rempli.
— Au fait, je voulais vous dire que la maison en Italie est disponible une partie du mois d’août. Vous aimeriez peut-être y passer une semaine. Avec Angelica. Elle va adorer.
Elle s’est levée et a attrapé son manteau. J’ai terminé mon verre et me suis apprêtée à partir.
— Vous savez quoi, Christine ? Plus j’y pense et plus je me dis que ce serait aussi bien si vous vous débarrassiez carrément de ces dossiers.
Elle a prononcé ces mots comme si l’idée venait seulement de la traverser, d’une voix douce, comme si nous discutions encore de son invitation en Italie.
— Je ne souhaite rien garder de ce qu’il y a dedans, et ainsi, je n’aurais plus à m’en soucier. Vous pourriez peut-être tout jeter en rentrant chez vous ? Là où vous pensez que c’est le mieux. Je vous laisse décider. Voyez cela comme un brin de ménage.