Retour à Martha's vineyard
Je remercie les Editions de la table ronde
collection Quai Voltaire pour cette nouvelle lecture.
Traduction Jean esch
Richard Russo
Richard Russo est né en 1949 aux États-Unis. Après avoir longtemps enseigné la littérature à l’université, il se consacre à l’écriture de romans et de scénarios. Un homme presque parfait avait été adapté au cinéma avec Paul Newman en 1994, et Le Déclin de l’empire Whiting a été, lui aussi, porté à l’écran en 2005.
Voilà quarante ans que Teddy, Lincoln et Mickey se connaissent, ils étaient dans la même université au moment de la guerre du Vietnam. Aujourd’hui ils ont la soixantaine et se retrouvent une dernière fois à passer un week-end à Martha’s Vineyard dans la maison que Lincoln s’apprête à vendre. Les chapitres alternent en fonctions des personnages, nous apprenons ce qu’il y a à savoir sur chacun d’entre eux, les petits secrets qu’ils n’ont dévoilés à personne, nous en sommes les témoins. C’est pourtant une autre version de l’histoire commune qui va nous être livrée. Car tous étaient amoureux de Jacy, une jeune fille venant d’une famille aisée, Jacy centralisait tout leur désir. On les revoit la nuit du tirage au sort de l’ordre d’appel pour le Vietnam. Plus tard à la fin de leurs études, ils décident de se réunir une dernière fois à Martha’s Vinyard la maison de vacances de Lincoln et Jacy part avec eux. A la fin du week-end plus personne ne la reverra, les trois hommes tentent de trouver des réponses à leurs questions. Les souvenirs affluent, mais ils ne sont les jeunes gens innocents qu’ils étaient à l’époque. Ils ont bien changés, ils ont eu des destinées différentes. Lincoln a réussi en tant que coursier, Teddy travail dans l’édition et Mickey est toujours musicien. L’écriture de l’auteur parvient à nous faire revivre cette époque particulière qui a précédé la guerre du Vietnam. Ses personnages semblent tout ce qu’il y a de plus ordinaires et pourtant leurs confessions sont touchantes. L’amitié, le temps qui passe, le vieillissement de l’être sont souvent présentés avec une ironie qui si elle ne vous fait pas sourire, vient refléter les questions que tout le monde finit par se poser. J’aurai souhaité que le personnage de Jacy soit aussi traité plus en profondeur, ce qui n’est pas le cas. On n’apprend que peu de chose sur elle, elle ne portait pas de soutien-gorge et aimait se sentir libre mais encore pour générer autant d’attention qu’avait-elle de plus ? Bonne lecture.
Il commençait par ailleurs à comprendre que la grandeur de son père, ce qui faisait de lui un modèle, c’était sa capacité à aimer ce qu’on lui avait donné, ce qu’on lui avait imposé, ce qu’il était obligé d’accepter.
Il la perdra évidemment, car c’est toujours comme ça. Les choses qu’on ne peut pas se permettre de perdre sont celles que le monde vous vole. Comment le monde sait-il ce dont vous avez le plus besoin, afin de vous en priver, voilà une question pour les philosophes.