Le Bal des porcs
Je remercie les Editions Agullo pour ce nouveau partenariat.
Arpad Soltesz
Traduit du slovaque par Barbora Faure
Un mot sur l'auteur
Arpád Soltész, né en Tchécoslovaquie en 1969, est l'un des journalistes slovaques les plus connus pour son travail sur le crime organisé en Slovaquie. Il a fondé et dirige le nouveau Centre slovaque pour l'investigation journalistique qui porte le nom de Ján Kuciak, son confrère assassiné en 2018. Tout ce qu'il ne peut pas écrire dans ses articles, il en fait des romans. Il était une fois dans l'Est, son premier roman, a été lauréat du prix du Premier roman slovaque en 2017.
Dans le Joli Pays sous la Minuscule Chaîne de Hautes Montagnes, quand des adolescentes disparaissent d’un centre de désintoxication, personne ne s’en inquiète. Les junkies mentent, volent, et crèvent. Tout le monde le sait, et tout le monde s’en fiche. Mais quel est le lien entre la mort de la jeune Brona , la carrière fulgurante d’une poignée de politiciens, un maître chanteur tout-puissant, la mafia calabraise et l’assassinat d’un journaliste ?
Dans ce deuxième roman, Arpád Soltész décrit un monde dans lequel il n’y a pas de frontière entre la mafia et la politique, entre le crime et la loi, où la vie ne vaut rien et la mort est une marchandise. Un monde qui pourrait bien ressembler à la Slovaquie d’aujourd’hui.
Ma chronique :
On ne plaisante pas en Slovaquie avec le pouvoir, l’argent et le sexe. Plusieurs personnages pour incarner le dérèglement de tout un pays. On trouve la sordide histoire d’une jeune fille droguée qui disparaît d’un centre de désintoxication, un futur Président aux bas instincts, un mafieux, un néo-nazi et un analyste doué en journaliste. Le bal des porcs aborde le sujet de la déliquescence d’un pays, on y trouve une corruption généralisée, des abus de pouvoir, du chantage, du trafic d’êtres humains, de la drogue, de la pauvreté bref cela m’a semblé une longue et triste énumération de tout ce qui peut bien clocher à l’échelle d’un pays. L’auteur nous en parle comme si c’était du vécu, d’ailleurs c’est surement le cas même s’il y a un « démenti » en première page. Une fiction très réaliste donc avec quel but si ce n’est une certaine prise de conscience. Un récit brut sans effet de style, des histoires individuelles tordues et des personnages qui officient sous des pseudonymes ont bien failli me perdre plus d’une fois. Et pourtant il y avait dans ces lignes quelque chose de puissant, au moins au même niveau que la violence des faits qui y est décrite. L’auteur nous force à regarde le côté obscur, un face à face avec la vérité qu’on aurait sans doute voulu éviter tant c’est douloureux. On ressent bien le journaliste qui se cache derrière l’auteur. Est-ce qu’il ne m’aurait pas seulement suffit d’ouvrir un journal et d’en regarder les faits divers et les travers de certains politiciens pour en apprendre autant ? Cela serait revenu à me priver de cette façon de nous donner en pâture des histoires sordides qui ne sont pourtant rien que la réalité. Un auteur qui nous livre ce qu’il ne peut pas se permettre de dire dans ses articles professionnels, à nous de comprendre les mystères voilés derrières ses lignes. Bonne lecture.
Citations :
Finalement, il se rend compte que cette histoire est d'une effarante simplicité. Pouvoir, argent et sexe. Probablement drogue et alcool. Une poignée de personnes qui se croient toutes-puissantes. Et un maître-chanteur ordinaire qui tient la plupart d'entre elles par les couilles.