STAVROS CONTRE GOLIATH
Je remercie les Editions Jigal Polar pour ce nouveau partenariat
Sophia Mavroudis
Stavros contre Goliath, second roman de Sophia Mavroudis, porte encore une fois toute la Grèce actuelle sur ses épaules. Ou plutôt sur celles du commissaire Stavros Nikopolidis, une forte tête lui aussi. Entre la musique et l’ouzo, il a parfois bien du mal à choisir… Mais il est avant tout réputé pour son flair, sa perspicacité inébranlable et son humanité sans faille. Ici, c’est au cœur des camps de migrants, sur fond de misère humaine et de trafics en tous genres que les policiers vont se retrouver plongés dans les méandres des enjeux politiques, sécuritaires et sociaux d’une Grèce tout juste sortie de la crise. Sophia Mavroudis, forte de son expérience professionnelle, nous fait toucher là les conséquences dramatiques pour les Grecs d’une politique migratoire européenne non assumées par l’Europe. Avec cette nouvelle tragédie grecque des temps modernes, c’est toute l’âme d’une Grèce épuisée qui jaillit avec force des pages de ce roman édifiant !
Le commissaire Stavros Nikopolidis est un électron libre et désabusé, charmeur invétéré, amateur d’ouzo et de rebetiko, au caractère bien trempé et à l’instinct aiguisé. À peine remis de la traque de son ennemi intime, il se retrouve, sur ordre de sa hiérarchie et de Bruxelles, à devoir collaborer avec les Turcs – ennemis jurés des Grecs depuis toujours – en vue d’interpeller en mer Égée un terroriste embarqué dans une caravane de migrants à destination de l’Europe. Mais Dora, coéquipière de Stavros et ancienne des forces spéciales, semble nourrir une rancune tenace envers ce terroriste et Cengiz, ce chef turc de la police côtière qu’on leur a collé aux basques. Traques effrénées, coups fourrés et retournements se succèdent. La rage qui anime Dora va brouiller les cartes… Et c’est sur une partie de tavli que tout va se jouer !
Ma chronique :
Qui, mieux que Sophia Mavroudis pour nous parler de la Grèce. C’est à travers Stavros Nikopolidis, son personnage principal, commissaire à Athènes que nous allons avoir une vision de la situation économique et politique de la Grèce. Le thème de cette nouvelle enquête est l’immigration incessante que la Grèce doit gérer, seule ou presque. A quelques jours de l’incendie du camp de Moria, à Lesbos, la réalité rejoint la fiction. Son supérieur l’inspecteur Livanos va le charger d’une mission extrême. Mettre la main sur un terroriste en pleine mer Egée qui se dissimule parmi les migrants en partance pour l’Europe. Pour cela, ils vont devoir collaborer avec leur voisin Turc. Nous retrouvons toute l’équipe avec en tête Dora, qui a des raisons plus personnelles pour arrêter ce terroriste et sort parfois du cadre. Eugène, le jeune hacker toujours aussi talentueux et utile. Je n’oublis pas Matoula dont la présence est un repère essentiel pour Stavros. C’est un vrai plaisir que de se plonger dans les petits détails culinaires et musicaux proposés par l’auteure. Encore de nombreuses notes de traduction pour les expressions, les poèmes et les chants. Heureusement qu’il y a ce côté et la culture grecque parce que sinon on pourrait se laisser submerger par la désolation des camps, les trafics humains et la triste place des enfants. C’est un point de vue unique qui permet de mieux comprendre les enjeux de cette vague d’immigration sur un pays qui se relève à peine de la crise. Avec quelques rappels historiques non négligeables pour la compréhension. Tout cela enveloppé dans un polar captivant. Les rebondissements s’enchainent à un rythme soutenu, n’épargnant ni les personnages, ni le lecteur. J’ai aimé la dernière page clin d’œil sous forme de liste, excellente idée. Bonne lecture et ευχαριστώ .
Citations :
Sa