Ange
Je remercie les Editions Jigal-Polar pourl'envoi de ce SP.
Philippe Hauret
Ma chronique :
Il est des personnages qui ont une personnalité si forte qu’ils tiennent à eux seuls le devant de la scène et c’est le cas avec Ange. Une jeune femme au physique avantageux qui n’hésite pas à s’en servir pour arriver à ses fins. Son colocataire et ami d’enfance Elton ne sait pas lui résister et lorsqu’elle l’entraîne sur un coup sordide, ils ne se doutent pas des terribles conséquences à venir. Mais lorsque la vedette de télé Thierry Tomasson ne tient pas sa promesse d’intercéder en sa faveur et que son rêve de chroniqueuse lui échappe, rien ne va plus. Je me suis régalée à la lecture de ce roman noir, corrosif mais aussi plein d’humour. Ne serait-ce que dans le choix des noms donnés à ses personnages, on ne peut s’empêcher de les relier avec des personnes réelles. Le titre des chapitres vient aussi apporter une note de musique puisqu’il reprend à bon escient les titres de chansons connues. D’entrée le ton est donné, on ne se prend pas au sérieux, l’écriture est vive et tranchante, les chapitres courts donnent le rythme et passent d’un personnage à l’autre sans nous laisser le temps de nous ennuyer. Le personnage d’Elton est mon préféré, un brin désabusé, paumé et malgré tout capable de nous étonner, c’est ce que j’aime dans la galerie éclectique des personnages de ce roman. Un roman noir qui éclaire le mal être d’une société. Ange et Elton comme des Bonnie and Clyde écorchés et pas très doués des temps modernes. Un livre court qui se dévore d’une traite pour une immersion totale entre paillettes et désespérance. C’est mordant et acéré autant que la niaque d’Ange et pourtant la fin est tout en tendresse. Bonne lecture.
Citation:
J’adore regarder mes mains. Je les trouve fines, élégantes, racées, sensuelles. Les mecs, eux, ne les remarquent jamais, préférant plutôt s’attacher à mater mes jambes, mes seins ou mes fesses. Pauvres petites queues en pilotage automatique qui ne connaissent rien à rien. Je ne vais pas me plaindre, la nature m’a bien gâtée. Mon corps c’est mon outil de travail, mon gagne-pain, mon passe-partout. Grâce à lui, je suis libre, j’avance, je taille ma route.