Solitudes
Je remercie les Editions Calmann-Lévy pour l'envoi de ce nouveau titre.
Niko Tackian
Niko Tackian, romancier, scénariste et réalisateur, est devenu en quelques romans une des références du polar français. Après avoir joué avec nos peurs dans un thriller hypnotique (Avalanche Hôtel, Calmann-Lévy, 2019), il nous plonge dans une nouvelle enquête de son commandant Tomar Khan avec un style toujours aussi percutant.
CERTAINES VÉRITÉS NE PEUVENT ÊTRE OUBLIÉES.
Alors qu’une tempête de neige s’abat sur le Vercors, des traces étranges mènent Élie jusqu’à l’« arbre taillé », un pin gigantesque dressé comme un phare au milieu de l’immensité blanche. Une femme nue est pendue à ses branches. Cette macabre découverte anime quelque chose sur la toile vierge des souvenirs d’Élie.
IL EN EST CERTAIN. ET IL EST TERRIFIÉ.
Je peux l’avouer après la lecture de Solitudes, c’est acté, je suis définitivement fan des romans de Niko Tackian. Tout débute par un premier chapitre court et intense, à faire dresser les poils sur les bras. A la fois, pour parcourir les lignes de ce polar, il vaut mieux bien s’équiper contre le froid pour explorer tout à loisirs le massif enneigé du Vercors, il y fait un froid de gueux. Avec ce nouveau polar, on se lance au côté du lieutenant Nina Mellisski à la poursuite d’un tueur en série. Un bien tordu qui sème les cadavres torturés et blessés dans leur chair qu’il grave d’un très énigmatique message. Elie, garde forestier a découvert le corps, il souffre d’amnésie à la suite d’une agression dont il a été victime. Cette sinistre découverte provoque une résonnance en lui sans qu’il sache pourquoi. Un autre personnage apporte aussi sa part de magie chamanique au récit, il s’agit du Chef Réda qui immergé dans la culture indienne des Mohawk du Canada, nous offre quelques formules bien senties du style « On rigole pas avec la montagne, gamin ». J’ai eu peur à un moment qu’un certain indice nous soit révélé trop tôt et d’avoir vu la fin à l’avance, heureusement pour moi ce n’était pas le cas. Un thriller avec des accents de Nature Writing qui vous accroche et ne vous lâche plus jusqu’au final. Un vrai talent d’écriture pour nous plonger direct dans des paysages de montagnes enneigés, dans ce grand blanc battu par les vents et cette oppression que l’on peut éprouver lorsqu’on est isolé du reste du monde. Les personnages sont tous porteurs de ce genre de retranchement intérieur. J’ai aimé cette lecture qui transporte dans un silence, qui invite à une paix retrouvée alors que la neige reste souillée de fleurs rouge. Bonne lecture.
Citations :
Les montagnes, la nature, les animaux l’appelaient, et plus jamais il n’accepterait de courber l’échine devant les tours bétonnées ni de s’incliner vers l’écran de son téléphone portable pour ne pas croiser le regard des autres. Non, cette illusion de vie n’était pas pour lui. Il était jeune, il était plein de ressources et de mana, la force de l’esprit, et son destin l’attendait.
L’homme n’était pas un animal prévisible et ça expliquait en partie la raison pour laquelle Élie préférait vivre ici, à l’écart de tout. Une violente bourrasque le heurta et il fut obligé de poser un genou à terre pour lutter contre l’emprise invisible. Il y eut comme un glissement au-dessus de sa tête alors qu’une nappe de brouillard se déplaçait, dévoilant quelques secondes le paysage alentour.