Le corps et l'âme
Je remercie les Editions Rivages/Noir pour l'envoi de ce nouveau titre.
Traduit par fabienne Duvigneau
John Harvey
L'ultime aventure du personnage de Frank Elder, inspecteur de police à la retraite, qui doit intervenir dans une affaire à laquelle est mêlée sa fille Catherine.
Une enquête mêlée à un drame intime.
Ma chronique :
L’ancien inspecteur Frank Elder se fait encore bien du souci pour sa fille Katherine. Il faut dire que la découvrir sur le pas de sa porte l’air épuisé et portant des bandages aux poignets, cela inquiéterait n’importe quel parent. Depuis sa rupture avec un artiste peintre pour qui elle posait, Katherine peine à remonter la pente. C’est encore plus vrai quand on retrouve le peintre controversé assassiné dans son atelier, devant des tableaux pornographiques dont elle est le modèle. Alors qu’elle pourrait bien devenir le suspect numéro un, son père va faire son possible pour la protéger, prouver son innocence et lutter avec elle contre les démons du passé. L’auteur nous emporte totalement dans ce dernier opus de la série Frank Elder. Personnellement j’ai pris le train en route mais cela ne m’a pas empêché d’apprécier ma lecture, cela m’a juste donné très envie de remonter le temps et de découvrir les précédents tomes sans compter qu’il s’agit peut-être du dernier roman de l’auteur (il a quatre vingt deux ans). Une belle écriture pour une descente aux enfers d’un père qui ne connait pas de limite lorsqu’il s’agit de sa fille perturbée. Le style est superbe, on y retrouve la rugosité des côtes de Cornouailles. L’intrigue est bien construite, on peut avoir ici deux histoires qui s’entremêlent sans se mélanger. Passé et présent donnent un rythme haletant et les personnages provoquent l’empathie, j’ai été happée très rapidement. Katherine est un personnage complexe avec lequel il est difficile d’entrer en communication, même son père semble en échec. Pourtant on ne peut qu’éprouver une forte sympathie pour cette jeune femme qui tente de se reconstruire après une agression violente subie sept ans auparavant. Une conclusion bouleversante et rare nous est proposée qui a su me faire vibrer jusqu’à la dernière ligne. Juste un petit mot de plus sur la couverture qui est juste parfaite pour nous faire ressentir l’atmosphère du livre. Bonne lecture.
Citations :
C’était la dernière chose dont Elder avait envie, de la musique, du bruit, une foule, l’obligation d’être sociable, d’interagir. Mais, le soir, il avait changé d’avis. Une marche jusqu’à la pointe. Le vent dans la tête. La mer qui se jetait contre les rochers en bas. Qu’est-ce que quelqu’un avait dit ? L’isolement, c’est la solitude poussée trop loin. Ou était-ce l’inverse ?
« Non, je n’en ai aucune idée. Je n’ai pas été contactée par son notaire ni par qui que ce soit. En tout cas, s’il y a un testament, je ne figure sûrement pas parmi les bénéficiaires. Les enfants, peut-être, mais pas moi. » Elle secoua la tête, reprit place sur sa chaise. « Je me rappelle une conversation que nous avions eue, Anthony et moi, au moment de notre divorce. Je ne te donnerai même pas, avait-il dit, la merde collée à la semelle de mes godasses.