Justice indienne
Je remercie les Editions Gallmeister pour l'envoi de ce nouveau titre
Traduit de l’anglais par Sophie Aslanides
David Heska Wanbli Weiden
Sur la réserve indienne de Rosebud, dans le Dakota du Sud, le système légal américain refuse d'enquêter sur la plupart des crimes, et la police tribale dispose de peu de moyens. Aussi les pires abus restent-ils souvent impunis. C'est là qu'intervient Virgil Wounded Horse, justicier autoproclamé qui loue ses gros bras pour quelques billets. En réalité, il prend ses missions à coeur et distille une violence réfléchie pour venger les plus défavorisés. Lorsqu'une nouvelle drogue frappe la communauté et sa propre famille, Virgil en fait une affaire personnelle. Accompagné de son ex-petite amie, il part sur la piste des responsables de ce trafic ravageur. Tiraillé entre traditions amérindiennes et modernité, il devra accepter la sagesse de ses ancêtres pour parvenir à ses fins. Loin des clichés, Justice indienne pose un regard sans fard sur la vie des Indiens lakotas, confrontés plus que jamais à la question universelle : peut-on se faire justice soi-même ?
Ma chronique :
Un tout premier roman aux qualités indéniables. On y parle d’injustice, de tribus indiennes, de traditions tout cela autour d’un justicier autoproclamé et c’est bien là toute la question. Doit-on faire justice soi-même ? Dans une Amérique présentée comme profondément discriminante vis-à-vis des minorités, la tribu des Lakotas située dans la réserve de Rosebud dans le Dakota du Sud, n’a pas trouvé d’autre solution que de recourir aux « services » d’un des siens Virgil Wounded Horse. En échange de quelques dollars, il jouera les hommes de main au service de sa communauté afin de rétablir un certain équilibre sur la balance de la justice. L’arrivée sur le marché d’un nouveau circuit de drogue touchant principalement les adolescents, le mène a enquêter d’autant plus que son neveu Nathan fait partie des victimes. On découvre des personnages forts comme celui de Marie, l’ex-petite amie de Virgil qui souhaite être médecin afin d’aider sa communauté et qui va aider Virgil dans son enquête. L’auteur nous fait ainsi découvrir la vie à l’intérieur d’une réserve indienne dans toute sa triste réalité, la corruption, la pauvreté, l’alcoolisme font encore des ravages. J’ai particulièrement apprécié les références aux traditions ancestrales, à la pharmacopée et autres plantes médicinales, à la nourriture terrestre autant que spirituelle. L’intrigue ne semble pas complexe, elle colle d’une certaine façon à la réalité de notre monde, pourtant cela n’enlève rien à la force de ce récit. Un témoignage fort, d’une société amérindienne en quête de sens qui porte encore en elle les blessures du lourd fardeau du passé. Il est possible que le côté polar laisse certains sur leur faim, personnellement je l’ai remisé au profit de cette dichotomie entre passé et présent, tradition et modernité qui m’a enchantée. Je quitte ce livre à regret au son des battements du tambour, de la senteur de la sauge et accompagnée par les mélopées lancinantes des pow wow. Bonne lecture.
Citations :
— Est-ce que vous savez pratiquer la réanimation cardio-pulmonaire ? demanda-t-il.
— Euh, un peu… Faire du bouche-à-bouche ?
— Pas exactement. Il faut que vous commenciez les compressions thoraciques tout de suite. Vous vous rappelez le film La Fièvre du samedi soir ?
— Un film ? Mais qu’est-ce que vous racontez ?
— Vous allez mettre vos deux mains sur son torse – juste au-dessus de son cœur – et vous appuyez fort ; cent fois par minute. Pensez au rythme disco de la chanson Stayin’ Alive. La chanson du film. Appliquez les compressions à ce rythme. Posez le portable et allez-y ! Tout de suite ! Et ne vous arrêtez pas tant que la voiture n’est pas arrivée.
Un ivrogne marchait d’un pas hésitant sur le trottoir ; il portait un T-shirt sur lequel on pouvait lire moins de gens à l’église = plus de place pour moi au paradis !