Tu ne seras plus mon frère
Je remercie les Editions Belfond pour ce partenariat.
Christian Blanchard
Christian Blanchard vit en Bretagne. Il a travaillé durant vingt-cinq ans au sein d'une institution publique avant de se consacrer à l'écriture. Il est notamment l'auteur d' Iboga (Belfond, 2018), prix du Meilleur polar 2020 des lecteurs Points, de Seul avec la nuit (Belfond, 2019) et de Angkar (Belfond, 2020), prix du Roman noir 2020 des bibliothèques et médiathèques de Grand Cognac.
" Tu ne seras plus mon frère mais un ennemi à éliminer. "
2011, Syrie. Kasswara et Kamar, deux frères franco-syriens auparavant très unis, découvrent que l'amour fraternel n'est parfois pas assez fort. Quand le printemps arabe éclate, leurs divergences prennent le dessus. L'un rejoint la rébellion, l'autre demeure un fervent défenseur du régime de Bachar el-Assad.
Il n'y a plus de frères maintenant mais deux camps.
Tu ne seras plus mon frère mais un ennemi à éliminer.
2019, France. Florence Dutertre, assistante sociale, supervise le retour des " lionceaux du califat ". Ces enfants de djihadistes français ont grandi dans des camps syriens sous le commandement de Daech. Bombes à retardement ou jeunes innocents ? La question ne semble pas se poser pour le sniper qui les exécute un par un à leur arrivée sur le territoire. Terriblement choquée, Florence est pourtant prête à tout pour sauver ces enfants auxquels on a appris à compter avec des grenades...
Roman sombre et engagé, Tu ne seras plus mon frère nous plonge dans une Syrie déchirée où les liens du sang définissent les cibles à abattre et décrit, avec la puissance de son intrigue, l'impossible retour des enfants de combattants.
Ma chronique :
Lorsque le drame que vit un pays en guerre comme la Syrie vient toucher une famille franco-syrienne en son sein. En 2011, Deux frères que 3 années séparent vont choisir de combattre dans un camp différent. L'aîné va rejoindre les rebelles tandis que le plus jeune va combattre dans l'armée régulière de Bachar el-Assad. De nos jours, Florence Dutertre assistante sociale, accueil les enfants des djihadistes rapatriés à Paris. Elle étudie leur dossier pour décider s'ils représenteront un danger dans le futur. Un sniper semble avoir pris pour cible les lionceaux du Califat, Ashbal comme on les surnomme. L'auteur nous propose un roman attachant, ou la destinée de deux jeunes hommes se trouve bouleversée par leur choix. Qu'en est-il des liens du sang? Seront t-il amené à combattre face à face? Leur profond antagonisme va détruire les derniers liens familiaux, la haine et la violence ne vont cesser de gonfler leur cœur. On comprend vite la force émotionnelle qui se dégage de ce récit, la qualité d'écriture apporte une force et une authenticité qui vient faire battre le cœur du lecteur. Un roman terrible où il est question d'honneur et de fidélité à sa patrie. Le témoignage d'un jeune orphelin de retour de Syrie donne toute la mesure de l'endoctrinement subit. Une vision unique sur les dégâts causés par ce conflit nous est proposée. Sans compter ce que j’ai vécu comme un retournement de situation, quand à l’identité du sniper. Un magnifique roman à découvrir au travers du regard acéré de l'auteur. Christian Blanchard possède le talent pour se mettre à la place d’un sniper sans âme et nous faire comprendre ce qu’il se passe dans sa tête, peu importe de quel côté il se trouve, il y a dans l’idéologie défendue un si grand pouvoir qu’elle est capable de transformer deux frères en deux ennemis, c’est édifiant et effrayant à la fois. Bonne lecture.
Citations :
Sauvegarder des trésors architecturaux est le cadet de mes soucis. Dommageable pour le patrimoine mondial mais pour moi ce sont des vestiges d’un temps révolu. La grandeur de cette région dans les siècles antérieurs relève justement du passé. Notre avenir est sombre et le présent meurtrier. Laissons au monde occidental le privilège de se lamenter sur cette future destruction.
Ma préoccupation du moment est d’aider à la conservation d’Alep. Si cette ville tombe entre les mains de Daech, nous serons coincés dans un corridor, avec d’un côté les forces de Bachar, et de l’autre celles de l’État islamique. Que nous restera-t-il ? Les déserts du Sud où nous mourrons à petit feu.
À l’affût. Ne prendre aucun risque. Planqué, je tue au hasard les soldats qui passent devant mon viseur.