Les Mangeurs d'argile
Je remercie les Editions Gallmeister pour l'envoi de ce nouveau titre
Traduit par Anatole Pons-Reumaux
Peter Farris
À quatorze ans, Jesse Pelham vient de perdre son père à la suite d’une chute mortelle dans le vaste domaine de Géorgie qui appartient à sa famille depuis des générations. Accablé, il va errer dans les bois et se rend sur les lieux du drame. Là, il fait la rencontre de Billy, un vagabond affamé traqué depuis des années par le FBI. Une troublante amitié naît alors entre cet homme au passé meurtrier et le jeune garçon solitaire. Mais lorsque Billy révèle à Jesse les circonstances louches de l’accident dont il a été le témoin, le monde du garçon s’effondre une deuxième fois. Désormais, tous ceux qui l’entourent sont des suspects - à commencer par sa belle-mère et son oncle, un prêcheur cynique et charismatique. Alors que le piège se referme, Jesse se tourne vers Billy.
Transpirant la moiteur du sud de la Géorgie, Les Mangeurs d’argile, le nouveau roman de Peter Farris est une histoire de manipulations, de confiance trahie, d’amours coupables et d’amitiés dangereuses.
Ma chronique :
Jesse a 14 ans, il vit entre son père, sa belle-mère, son oncle, le frère de celle-ci, ainsi que sa petite sœur. Le jour où son père fait une chute mortelle dans les bois, il se retrouve orphelin. Il continue d'arpenter le domaine et rencontre un vagabond au passé chargé, nommé Billy, apparemment celui-ci est recherché par le FBI. Billy va lui révéler avoir été témoin de l'accident de son père qui n'en était peut-être pas un finalement. Jesse va se sentir encore plus isolé en se mettant à soupçonner tous les adultes qui l'entourent d'avoir un lien avec la mort de son père. D'autant plus quand le notaire dévoile le contenu du testament surprise laissé par son père. Un récit qui prend aux tripes, l'adolescent va devoir grandir confronté à la perte brutale de son père et à la jalousie de certains. Tous les éléments du roman noir se mettent en place, dans l'atmosphère lourde et moite des bayous. Se révèle alors, la nature sordide des personnages, la corruption, l'hypocrisie, la jalousie, l'envie remontent à la surface et viennent exploser à la figure du lecteur. À côté de cette chasse à l'homme on n'échappe pas à la beauté des descriptions de la nature, des paysages de Géorgie, du sud profond, c'est magnifique, rivières, étangs, pêche et chasse mises en exergue face à la noirceur des humains. La violence reste omniprésente malgré tout l'amour que son père porte à la nature et les valeurs qu'il souhaite transmettre à son fils. Notons que les armes à feu ont une grande place dans ce récit, le père était un armurier réputé. Avec des personnages secondaires comme Billy, et le vieil Elijah on aborde le thème de l'amitié et de la loyauté qui vont se révéler essentiels face à la machination dont sont victimes Jesse et sa sœur. Un polar captivant où l’auteur a su explorer de nombreuses personnalités et des caractères humains peu reluisants tout en donnant un éclairage positif sur une nature foisonnante. Son choix d’un adolescent courageux comme personnage principal se révèle être des plus attrayants. Bonne lecture.
Citations :
Des souvenirs épars lui revenaient, de lui et Grace, unis dans l’adversité depuis leur plus jeune âge, une dépendance mutuelle qui s’était muée en nécessité au moment où ils avaient réalisé que les gens les plus abjects, les plus monstrueux, étaient féconds et se multipliaient. Il lui répétait souvent que, s’il avait su dans quoi ils allaient naître, il ne les aurait pas laissé naître du tout.
Ils avaient connu la faim, le froid et les coups, mais ils avaient toujours pu compter l’un sur l’autre.
Jesse réalisa qu’il ne supportait plus la vue du cercueil, des couronnes et des gerbes de fleurs trop criardes pour la solide boîte en pin, un choix que son père n’aurait clairement jamais approuvé. Pas plus qu’il ne pouvait regarder son oncle qui citait la Bible en parcourant l’assemblée de ses yeux perçants. Jesse trouvait l’éloge étrange, il trouvait curieux d’entendre son oncle résumer une existence en quelques minutes, dépeindre un tableau idyllique alors même que son père lui avait appris que la vie était pleine de hauts et de bas, de moments de soleil et de moments de pluie.