Jeu de peaux
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©(c)Mélania Avanzato
Dans l'idée de devenir galeriste un jour, Anouk Shutterberg a travaillé dans plusieurs galeries parisiennes. Toujours passionnée par l'art contemporain et collectionneuse à ses heures, elle suit de nombreux artistes confirmés ou en devenir.
Elle a imaginé son premier thriller, Jeu de peaux, autour du marché de l'art sur lequel elle avait fait un mémoire de fin d'étude
Un thriller vertigineux dans l’univers fascinant et inquiétant du tatouage traditionnel japonais.
Jet-setter et jouisseur à l’extrême, il affole autant les Unes des tabloïds que les galeries prestigieuses du monde entier.
Initié au Japon à la technique du tatouage Irezumi, aussi violente qu’ancestrale, il signe dix tatouages d’art sur le dos de ses amant(e)s.
L’affaire prend une tournure inquiétante lorsque les peaux tatouées sont déposées anonymement chez Sotheby’s Paris pour une mise aux enchères hors norme.
En l’absence de corps, le commissaire Stéphane Jourdain et l’inspectrice Lucie Bunevial, sont saisis de l’enquête pour homicides multiples….
Une affaire sanglante et terrifiante qui les mènera d’un bout à l’autre de la planète dans le milieu de l’art contemporain.
Ma chronique :
Une belle découverte que ce premier roman, je suis impressionnée par l’imagination fertile de l’auteure autant que par son talent d’écriture qui m’a permis une lecture en quasi immersion. Un scénario digne des films les plus tordus où tout commence par la découverte de dix tatouages réalisés par un jeune artiste renommé, Juliano Rizzoni. Le seul problème c’est qu’ils ne sont plus sur le dos de leurs propriétaires, les peaux humaines ainsi tatouées doivent faire l’objet d’une vente aux enchères chez Sotheby’s Paris. Mais que sont devenues les dix personnes tatouées ? Sont-elles encore en vie ? C’est ce que vont devoir découvrir le commissaire Stéphane Jourdain et l’inspectrice Lucie Bunevial. Une intrigue très prenante et qui va nous conduire tout droit au Japon car les tatouages ont été réalisés avec la technique ancestrale des tatouages japonais Irezumi. J’ai eu l’impression de mettre le doigt dans un engrenage d’actions frisant la surenchère tant les rebondissements sont nombreux et apportent plus de questions que de réponses. On évolue d’une certaine lenteur à une montée en tension qui nous affole, une fois les personnages posés, on est pris dans le feu de l’action avec les multiples points de vue des uns et des autres. Alors même si le scénario manque un peu de crédibilité, il n’en reste pas moins une écriture incisive qui va droit au but et on se laisse volontiers porter par les nombreux homicides et la recherche du ou des tueurs. Un petit bémol pour ma part, concernant des personnages sans réel profondeur, auxquels je n’ai pas réussi à m’attacher et pourtant ce ne sont pas les personnages qui manquent. On y trouve un collègue policier serbe, un grand maître tatoueur japonais, des mafieux de Calabre ou encore le commissaire priseur et différents collectionneurs. Quand au couple d’enquêteurs, il est « cousu de fil blanc » et c’est bien dommage, pas besoin d’être devin pour connaître la fin de leur histoire. Ceci dit, l’univers noir proposé pour ce premier thriller est une réussite et j’ai hâte de voir l’évolution d’Anouk Shutterberg lors de ces prochaines parutions. Bonne lecture.
Citations :
Les dix peaux tatouées ont été déposées à 14 heures, soit il y a... (il jette un oeil à sa montre) exactement une heure à l'Institut médico-légal de Paris, dans le XIIe. Nous nous sommes déplacés, le procureur, l'inspecteur et moi-même hier soir, chez Sotheby's après cette livraison pour le moins étrange, pour observer ce lot de peaux humaines fort peu commun. Je dois dire que j'ai été impressionné. Les tatouages sont en parfait état de conservation. Les peaux ont été tannées de manière traditionnelle, comme si elles avaient été préparées pour être mises en vente.
Tout le monde, en revanche, s’accordait sur un point : ce jeune prodige maîtrisait, à l’aube de ses dix ans, l’ensemble des techniques. Fusain, gouache, acrylique, sanguine, autant de possibilités qui lui avaient permis d’exprimer son abyssale souffrance. Son coup de pinceau laissait exploser une symphonie de couleurs parfaitement orchestrée.