Vert Samba
Je remercie les Editions Slatkine & Compagnie pour cette nouvelle lecture.
Charles Aubert
À PROPOS DE L'AUTEUR
Charles Aubert était directeur commercial d'une société d'assurances. A la faveur d'un plan social, il décide de quitter la ville et s'installe au sud de Montpellier, avec femme et enfants. Il choisit une cabane au bord de l'étang des Moures, où il écrit et fabrique des bracelets-montres, à son rythme.
Charles Aubert est déjà l'auteur de Bleu Calypso, et Rouge Tango, paru aux éditions Slatkine & Cie.
Mettez-vous au vert
Le cadavre d'un ostréiculteur est retrouvé près d'un étang. Puis un second. Coïncidence mystérieuse : les deux ont le même tatouage sur le bras.
Il n'en fallait pas plus pour relancer Lizzie et Niels. Accompagné de Vieux Bob et du capitaine Malkovitch, le couple va tenter de mettre la lumière sur cette affaire sordide.
Une enquête qui les conduira sur les traces d'un vieux groupe de rock local dont les membres semblent appartenir à l'extrême droite locale.
Un polar doux comme on les aime. Toute la magie des personnages récurrents de Charles Aubert.
Un nouveau titre pour un nouveau leurre. Niels vit toujours retiré dans sa cabane de pêcheur entouré de ses amis, de son père et de la belle Lizzie. Mais dès la découverte du cadavre d’un ostréiculteur non loin de chez lui sa vie va irrémédiablement changer. Ce que j’ai aimé dans ce roman c’est que tous les événements marquants touchent des personnes proches de Niels, c’est bien ce qui est bouleversant pour lui et qui va faire tanguer son univers. Le personnage de Niels est le narrateur, c’est un personnage central et c’est par ses yeux et son ressenti que nous entrons dans l’histoire. Une écriture soignée et des formules uniques sont la marque de fabrique de l’auteur. Des rituels autour du thé et toujours ce rapport à la poésie japonaise avec en en-tête de chapitre les fameux haïkus, de quoi vous donner envie d’aller voir plus loin tant c’est étonnant et reposant. Des références en matière de boisson made in irish qui donnent envie de partir vers les côtes irlandaises. Et bien sur des descriptions à couper le souffle, je suis éblouis par les reflets que prend l’étang et la rencontre de personnages atypiques et attachants comme Tao et Nathalie qui nous font voir le monde avec un regard neuf. De même le couple que forme Nora et Vieux Bob donne envie de croire en l’amour. J’ai pourtant eu du mal avec le caractère de Niels avec ses blessures, celles qu’il trimballe comme un fardeau et qui viennent lui gâcher son présent. Une intrigue qui se construit lentement entre les relents nauséabonds de la malaïgue et ceux des mouvances nazis d’extrême droite. Un passé qui revient en pleine face pour certains alors qu’il semble s’effacer pour d’autres. Je ne me lasse pas de la singularité de l’auteur qui est rafraichissante là où l’on trouve souvent une surenchère et beaucoup d’effets, le polar français vu par Charles Aubert a un bel avenir. Bonne lecture.
Avec elle, tout allait si vite, dans un sens comme dans l’autre. Ça faisait partie de son charme. Porté par une douce euphorie, j’ai posé mes mains sur sa taille. J’avais le goût du whisky dans la bouche. J’ai répondu à son baiser et je me souviens que pendant qu’on s’embrassait je ne pensais plus à rien. Si ce n’est à sa langue qui m’apparaissait soudain comme un petit poisson agile faisant des cabrioles dans les courants iodés de l’océan Atlantique Nord.
Il ne courait pas très vite. Il était grand, massif, plus taillé pour le lancer de poids que pour le demi-fond. J’ai accéléré encore. Je slalomais entre les voitures comme une truite sauvage entre les pierres d’un torrent.
Il était comme un vieux bout de ferraille à mémoire de forme. La vie pouvait bien le tordre dans tous les sens, la bienveillance finissait toujours par revenir sur ses traits.