Les Filles du manoir Foxcote
Je remercie NIL Editions pour ce nouveau partenariat.
Eve Chase
Eve Chase est le pseudonyme d'une journaliste ayant travaillé pour plusieurs magazines anglais. Son premier roman écrit sous ce nom, Un manoir en Cornouailles (NiL, 2018 ; 10/18, 2019), a été lauréat du prix Saint-Maur en Poche du roman étranger 2019.
Présentation de l'éditeur
Une famille. Un secret. Un été tragique. Des vies bouleversées à jamais.
Par l'auteur de Un manoir en Cornouailles, le best-seller qui a déjà conquis plus de 70 000 lecteurs.
Gloucestershire, août 1971. Un bébé est retrouvé dans les bois du manoir de Foxcote. La famille Harrington, endeuillée par une terrible tragédie, recueille avec joie la petite fille et décide de l’élever en secret. Mais ce bonheur familial est très vite ébranlé par la découverte d’un cadavre sur la propriété.
Des années plus tard, Sylvie, désireuse d’éclaircir des zones d’ombre de sa vie, est à son tour entraînée dans les bois majestueux et sauvages de Foxcote, là où rien n’est tout à fait ce qu’on croit. Sylvie découvrira-t-elle la vérité et osera-t-elle la révéler ?
Onirique et mystérieux, Les Filles du manoir Foxcote nous plonge au cœur de sombres secrets de famille qui bouleverseront à jamais les vies de trois femmes.
Ma chronique :
Le nouveau roman d’Eve Chase, s’inscrit dans la droite lignée des « Cozy mysteries », des romans policiers moins violents où l’enquêteur n’est ni policier, ni détective. La construction reste classique mais diablement efficace, deux histoires sur deux chronologies différentes qui finissent par se rejoindre. Dans les années soixante-dix la jeune Rita est embauchée comme nurse pour s’occuper des deux enfants de la famille Harrington, Hera et Terry. Suite à une tragédie familiale, la famille délaisse Londres au profit de leur Manoir dans le Devon. Un jour un bébé est trouvé dans la forêt qui jouxte le manoir et ce n’est que le début des découvertes. De nos jours, Sylvie séparée de son mari, la quarantaine, découvre le secret de sa fille en même temps qu’elle doit gérer l’accident qui a plongé sa mère dans le coma. Sylvie va être devoir faire face aux lourds secrets du passé. Trois personnages se partagent la narration, Rita, Sylvie mais aussi Hera Harrington. Il m’a fallut un peu de temps pour entrer dans ce roman qui m’a semblé embrouillé au début, heureusement dès que les histoires s’alignent, on se retrouve captivé par une intrigue convaincante. Cela donne un aperçu de ce que peut être la vie dans une famille dysfonctionnelle. Un livre touchant qui parle des secrets de famille mais aussi d’identité et d’appartenance. Les personnages sont attachants et bien travaillés, ils ont tous des personnalités intrigantes et on les repère sans problème. J’ai été en admiration de la maîtrise de l’auteure lorsqu’il s’agit de relier les deux temporalités. Côté description, cela tourne autour de la forêt et de la campagne alentours, on se sent très vite en immersion. Il y a peu d’action mais bon nombre de rebondissements qui renforcent le mystère. Un drame familial fascinant où l’on sait déjà que les squelettes dans le placard, n’y resteront pas malgré toutes les tentatives pour les garder bien cachés. Bonne lecture.
Citations :
« J’adore ces gamins », pense-t-elle avec un élan physique si fort qu’il la déconcerte. Elle se reprend très vite : d’ici un ou deux ans, Teddy partira en pension, comme son père (Walter lui a dit un jour sèchement qu’il avait détesté ça) et tout le monde l’oubliera : elle ne sera plus qu’une vague silhouette en marge des photos de famille. Elle sait que c’est le lot des nurses : l’amour des enfants des autres suivi d’une peine inavouée quand le contrat s’achève.
J’examine le verre roulant sur le tapis. Les perles d’eau répandues sur la laine. J’aimerais pouvoir les réenfiler et en faire un collier, pour l’offrir à Rita et tout effacer.
Elle tressaille, surprise de n’avoir pas bougé sur la pelouse : alors que ses pensées ont fait des kilomètres, seules quelques secondes ont passé. Tout le monde la regarde bizarrement. Elle rembobine son esprit embrouillé, tel un écheveau de laine, et cligne des yeux.