Pasakukkoo
Je remercie les Editions Hugo et Compagnie pour cette nouvelle lecture.
Roy Braverman
Roy Braverman est l'auteur, chez Hugo Thriller, de la trilogie américaine Hunter, Crow, Freeman, ainsi que de Manhattan Sunset (février 2021). Sous un autre pseudonyme, celui de Ian Manook, il est l'auteur chez Albin Michel de succès tels que Yeruldelgger ou Heimaey.
LE SUSPENSE D'ÉTÉ "DICKERIEN" DE ROY BRAVERMAN
Lac Pasakukoo, dans le Maine des été indiens. Le corps noyé d'une jeune romancière prometteuse, égérie annoncée d'une nouvelle génération d'écrivains. De chaque côté du lac, la résidence de deux auteurs à succès, meilleurs ennemis du monde. Un shérif qui ne les aime pas, et un village où aucun secret ne résiste à la douceur de vivre apparente. Un avocat noir et théâtral qui débarque. Une secrétaire à faire pâlir Venus en personne. Un assistant littéraire appliqué et ambitieux. Un manuscrit dont la seule existence fait frémir les familles les plus puissantes de la région. Des mots qui deviennent des armes, et des pages blanches des linceuls. Et soudain, une série de violences qui se déchaînent entre les rancoeurs d'hier et les menaces de demain.
Ma chronique :
Une jeune femme est retrouvée noyée dans un lac dans l’Etat de Rhode Island, elle était annoncée comme étant la relève prometteuse de la littérature américaine. Sur les bords du lac de Pasakukoo, se faisant face, habitent deux auteurs unanimement reconnus qui ne peuvent pas se sentir. L’un, accueil en résidence un jeune assistant, l’autre enchaine les fêtes bien arrosées. Le shérif Blansky va enquêter et a du mal à rester neutre car il a un sacré contentieux avec l’un des auteurs. Un couple hors norme d’avocats vient envenimer les choses et ce n’est que le début. Il est question d’un manuscrit explosif mettant en cause des familles influentes et tout par en vrille, les cadavres s’enchainent sans que l’on n’en sache encore la cause. Un roman original dans sa construction avec au début de chaque chapitre, un monologue en italique dont on ne sait pas qui se cache derrière mais qui n’est pas sans rappeler le personnage de Tirésias des tragédies grecques, venant apporter un éclairage sur la situation. Des personnages bien construits avec lesquels on a vite fait d’être en empathie, je pense surtout à ce couple frère/sœur surprenant et touchant. L’intrigue fait le job j’ai adoré suivre l’évolution de notre shérif qui se révèle être pas si mauvais que je l’avais imaginé. Ce qui m’a surtout embarquée c’est l’ambiance que l’auteur à su donner en nous faisant entrer dans le monde fermé des écrivains à succès et de ceux qui gravitent autour d’eux, de l’éditeur de mauvaise foi à l’assistant indélicat, ce n’est pas joli, joli. La personnalité des deux écrivains, vus comme des fêtards et des séducteurs invétérés semant derrière aux le chaos. Un polar captivant et bien écrit avec toute la faconde de l’auteur, parfait pour un moment de détente sur les rives du Lac de Pasakukoo. Bonne lecture.
Citations :
Il le lit en trois heures, fasciné par l’écriture suicidaire d’Esther. C’est assassin, violent, sans concession. Ceux qui s’y reconnaîtront ne s’en relèveront pas. C’est dévastateur, amoral, sans pitié. Ça déglingue le beau mécano des grandes réussites, ça torche les culs, ça ferme les gueules. Ça hurle, ça cogne, ça tue et ça éjacule. Un massacre. Mais surtout une écriture au rasoir, fine, précise. Bistouri ou scalpel selon que les personnages sont survivants ou déjà morts. Des constructions grammaticales à couper le souffle, des allitérations comme une bande-son, des figures littéraires audacieuses comme des images de guerre.
Dempsey, surpris par les éclats de rire, lève les yeux de son roman, les regarde surgir dans l’atrium, et cherche aussitôt le mot juste. Belles, aguicheuses, allumeuses, charmeuses, coquettes ? Il s’arrête sur jeunes, charmantes, et un peu vulgaires quand même. Il est resté immobile, assis à son bureau, à les regarder par-dessus ses lunettes.