Juste une balle perdue
Je remercie les Editions du Rivages pour l'envoi de cette nouvelle lecture.
Joseph d'Anvers
Roman veut devenir boxeur. Il se rêve déjà professionnel lorsqu'il intègre une prestigieuse académie qui fera de lui un champion. Un soir, il rencontre Ana, une jeune fille qui va changer sa vie. Entre drogues, sexe, alcool, amour et délinquance, ces deux écorchés vont s'offrir une parenthèse enchantée. Mais tout tourne très vite au cauchemar. Comme s'il était impossible d'échapper à son destin. «Juste une balle perdue» raconte cette saison entre paradis et enfer.
Ancien boxeur formé aux arts appliqués et au cinéma à la Fémis, Joseph d'Anvers est auteur-compositeur-interprète et musicien. «Juste une balle perdue» est son deuxième roman
Ma chronique :
Le jeune Roman vient juste d’intégrer une académie de boxe où il est très apprécié, son parcours est déjà tracé. Pour ses entraîneurs, il sera leur futur champion. Pourtant dès lors qu’il croise la route d’Ana, tout est remis en cause et bientôt, ses priorités vont changer. Alors que la jeune fille lui fait connaître son cercle d’ami, il va devoir faire un choix qui changera toute sa vie. Le récit est écrit à la première personne et c’est ainsi que nous suivons le parcours de Roman. Un récit poignant lorsque l’auteur glisse régulièrement des flashbacks de l’enfance calamiteuse de Roman, entre maltraitance et rejet. Son enfance malheureuse apporte un éclairage à ses choix et on ne peut que le comprendre. Il est souvent question de fête, de drogue, de sexe et de passion comme si la défonce avait le pouvoir de faire tout oublier. Ses deux amoureux sont sur la corde raide et on sait dès le début qu’un happy end est grandement improbable. Ils sont définitivement borderline et ne peuvent refuser la bulle de bonheur que leur offre Igor, un homme au double visage. L’auteur nous emporte dans un réalisme noir, cauchemardesque où l’alcool et la drogue modifient les contours de la réalité. Son écriture reste malgré tout poétique et d’une grande justesse. Un coup de cœur pour ce roman qui nous happe, nous capte sur un rythme entêtant. Le côté inéluctable des choses a quelque chose de pervers et laisse un goût amer au lecteur qui s’attache. J’avais en tête cette petite phrase tirée du film La haine « jusqu’ici tout va bien » Les émotions ne sont pas en reste quand arrive le final, on est dans la tragédie, le drame et rien ne peut nous sauver. C’est fort, intense et puissant, Juste une balle perdue m’a touchée en plein cœur. Bonne lecture.
Citations :
Il régnait là une atmosphère douce, une ambiance cool et paisible, presque silencieuse qui contrastait avec la furie qu'on venait de quitter. On s'est frayés un chemin entre les corps étendus et ivres et la fille m'a signifié qu'on était arrivés.
Alors, oui, je l’ai laissé faire, je lui ai offert la partie, conscient que, malgré les brimades et les humiliations, il n’aurait jamais plus ce que je possédais, ce que je chérissais malgré les coups du sort, ni ne pourrait jamais me voler ce qui lui ferait désormais toujours défaut.
Il se savait perdant face à la vie alors que j’avais la mienne devant moi.
Cette serveuse, qui n’en peut plus de ce job mais qui s’y accroche car elle n’a rien d’autre. Les mêmes blagues, chaque soir, des mêmes hommes, les mêmes avances, les mêmes allusions. Ses pieds lui font mal mais elle se dit que ça pourrait être pire. Alors elle affiche un sourire de façade et réchauffe le cœur des clients.