Un tueur sur mesure
Je remercie les Editions Métailié pour ce partenariat.
Traduit par Patrick Raynal
Sam Millar
Né à Belfast en 1958, Sam Millar a fait de la prison en Irlande du Nord comme activiste politique au sein de l'IRA et aux États-Unis comme droit commun après y avoir accompli un des hold-up les plus spectaculaires de l'histoire du pays, le fameux casse de la Brinks de Rochester. Après sa condamnation, il est rentré à Belfast pour écrire. Son expérience est décrite dans On the Brinks. Il a reçu de nombreux prix littéraires et ses livres ont été traduits dans plusieurs langues.
Présentation de l'éditeur :
Braquer une banque à Belfast le jour d’Halloween déguisés en loups semblait être une bonne idée. Se rendre compte que le coffre avait été vidé avant leur arrivée, un peu moins. Mais voler une mallette à un client de la banque qui leur avait gentiment suggéré d’aller se faire voir, c’était signer leur arrêt de mort.
À Belfast, on sait qu’il faut être fou pour ne pas perdre la tête, et qu’il ne faut pas s’attaquer à ceux qui ont « l’Alzheimer irlandais » : ceux qui oublient tout sauf la vengeance.
Une course-poursuite en enfer entre braqueurs, ex-taulards, flics pourris, petites frappes, tueurs à gages et… la redoutable Fraternité pour la liberté irlandaise !
Des règlements de comptes, du suspense, de la violence et un humour très noir.
Ma chronique :
Je ne résiste jamais à la tentation de lire un polar irlandais et qui plus est lorsqu’il se déroule en Irlande du nord, en plein centre ville de Belfast. Un scénario comme celui-ci il n’y avait que Sam Millar pour nous le livrer pieds et poings liés. Un coup de cœur pour cet irish polar qui débute comme une farce, un braquage dans une banque le soir d’halloween qui tourne mal, pas comme on peut l’imaginer non. Juste braquer une banque « vide » même si on porte des déguisements de loups, c’est ballot. Les trois cambrioleurs pensent partir bredouille et pourtant l’un d’entre eux leur réserve une surprise. Il a dérobé la mallette d’un client après l’avoir assommé, celle-ci contient beaucoup d’argent mais voler un membre de la Fraternité républicaine c’est déjà signer son arrêt de mort, les coupables l’apprendront à leur dépend. Le regard de l’auteur sur toutes ces destinées tragiques est celui d’un homme au parcours édifiant, il sait parfaitement de quoi il parle et les détails ont toute leur importance. La Fraternité républicaine est en pleine « restructuration » et mandate un tueur au profile sombre et violent. Le policier chargé de l’enquête est à un mois de la retraite, navigue à vue alors que les cadavres commencent à pleuvoir horriblement torturés. Le style de l’auteur est brut avec des touches d’humour bienvenues qui ne nous épargnent pas les détails sur les ennuis de santé de notre enquêteur. La masculinité des personnages est exacerbée, chaque page baignant dans la testostérone. J’ai aimé toutes les références en entête de chapitre certaines connues et d’autres à découvrir. Une intrigue forte qui n’en finit pas de faire tomber les hommes comme des dominos. Comme souvent il faudra attendre la fin pour comprendre vraiment de quoi il retourne entre règlement de compte, corruption et recherche de la vérité. Bonne lecture.
Citations :
Un homme entra dans la pièce. Grand, maigre et nerveux, le visage aussi amical qu’un règlement de comptes et les yeux aussi menaçants qu’un fusil à double canon. Ils semblaient dépourvus de paupières et étaient d’une froideur de prédateur, un peu comme ceux d’un grand requin blanc.
Bien sûr, il avait fini par recueillir toutes les infos dont il avait besoin, mais à quel prix ? La torture ? Est-ce que c’était ce qui lui tenait lieu de valeur, maintenant ? De la poussière venant de la poche d’un mort ? Dans le passé, il s’était toujours arrangé pour briser les hommes – n’importe quel homme – en n’utilisant que la terreur psychologique. Il n’avait jamais eu recours à la torture physique et se servait de la peur comme d’une arme pour glaner des informations. En fin de compte, c’était toujours la cervelle qui triomphait du muscle, mais pas cette fois. Non, pas cette putain de fois.