La petite ritournelle de l'horreur
Je remercie Fleuve Editions pour cette nouvelle lecture.
Cécile Cabanac
Cécile Cabanac a travaillé en tant que journaliste et chroniqueuse pour "Le Magazine de la santé", puis "Les Maternelles", réalisant en parallèle des documentaires pour France 5 et plusieurs numéros de "Faites entrer l'accusé". Elle est l'auteur d'un premier roman paru en 2019, Des poignards dans les sourires, en lice pour le prix des Nouvelles voix du polar Pocket.
Un appel au cœur de la nuit. Des gyrophares qui tournoient dans l’obscurité. Une vieille bâtisse à l’abandon. Quand la commandant Virginie Sevran arrive sur les lieux, les techniciens de l’identité judiciaire sont déjà à l’œuvre à l’intérieur. Ils font face à l’insoutenable. À la noirceur de l’âme humaine. Au cadavre d’une gamine dissimulé derrière une cloison que le nouveau propriétaire tentait d’abattre.
Là, au milieu de la campagne francilienne, le silence est oppressant. L’angoisse monte. Et, bientôt, les murs confient deux autres corps aux policiers. Deux autres enfants… Rapidement, la sidération laisse place à une enquête éprouvante. Certainement la plus sordide de toutes celles auxquelles la commandant et son binôme, Pierre Biolet, ont été confrontés durant leurs carrières. Une seule certitude, personne ne ressortira indemne de cette affaire…
Ma chronique :
Heureuse de retrouver le duo que forme Virginie Sevran et Pierre Biolet dans cette nouvelle enquête sans oublier l'électron libre qu'est le lieutenant Dombard, toujours aussi savoureux. Dans ce roman, on franchit un cap dans l'horreur. Il faut dire que dès que l'on parle d'enfants je suis toujours hameçonnée en plein cœur. Tout débute avec la découverte macabre d'un nouveau propriétaire qui faisant des travaux dans sa nouvelle maison se retrouve face au cadavre d'une fillette emmurée. Les murs de cette ancienne bâtisse n'ont pas finit de délivrer d'autres petites victimes. En se penchant sur le passé des précédents propriétaires on entre dans la maison de l'horreur. Un polar qui reprend le thème des familles d’accueil, des placements d'enfants et des manquements de l'ASE (l'aide sociale à l'enfance) de la maltraitance et de la pédo-criminalité. C'est terrifiant de réalisme et peut être pas loin de la réalité des faits divers qui explose au grand jour régulièrement. J'ai dévoré ce roman qui prend aux tripes du lecteur autant que des policiers chargés de l'enquête. En ce sens les personnages sont bien construits et des pans de leur vie privée viennent adoucir la rudesse du récit. Les chapitres nominatifs s’enchaînent avec le point de vue des différents personnages ce qui donne une vision large de l'affaire et m'a permis de commencer à tirer des plans pour tenter de trouver le ou les coupables. Pourtant je suis restée bien en deçà du scénario machiavélique de l'auteure. Au fils des pages on s’enfonce dans la perversité, le nauséabond et on ne peut que ressentir de l'empathie pour les survivants mais c'est sans compter les surprises que révèlent ce roman. J'ai apprécié tout le côté psychologique de l'histoire qui est bien vu et tient la route. C'est dur, cruel et pour tout dire captivant. Bonne lecture.
Citations :
Elle déposa un baiser délicat sur son front et se rendit discrètement dans la chambre de sa fille. Son bébé dormait aussi à poings fermés. Elle s’agenouilla près de son lit, la contempla longuement, mais une pensée vint troubler ce moment de quiétude. Les enfants emmurés avaient-ils eu des parents pour prendre soin d’eux et les couver ainsi du regard pendant leur sommeil ?
D’une pression du doigt, il fit cesser le rap irritant que crachait la radio. Une migraine pointait. Malgré ses élancements, il examina de nouveau la cloison. Là, dans un trou d’à peine dix centimètres, un détail attira son attention. Un petit morceau de chiffon apparaissait dans la brèche.