Le vestibule des lâches
Je remercie les Editions du Rivages/Noir pour l'envoi de cette nouvelle lecture.
Manfred Kahn
Dans une vallée alpine proche de l'Italie, un homme s'est installé dans une maison isolée. Il n'a presque aucun contact avec le voisinage; son unique compagnon est un chien. Un soir, alors qu'il rentre chez lui après être allé en ville pour son travail, il retrouve le chien égorgé, baignant dans une mare de sang. Il comprend aussitôt la signification de cet acte barbare. Il part à la recherche de Charles, le mari de Josepha, l'homme qui règne sur le village et la vallée, un homme auquel il ne fait pas bon s'opposer.
Ma chronique :
Une vallée perdue, comme un refuge pour Victor qui depuis une année mène une vie quasi monacale parmi les gens de la vallée sans s'intégrer même s'il y a passé une partie de son enfance en vacances avec son père. On ne sait pas grand chose de Victor, au retour d'une randonnée dans la montagne, il retrouve son chien égorgé dans sa cuisine. Il sait qui a fait le coup, c'est Charles le mari de Josepha, une brute épaisse qui la tient sous son emprise tout comme le reste du village. Mais Josepha c'est vers Victor qu'elle est attirée, la guerre est déclarée et nous allons suivre ce triangle amoureux tragique. Je ne m'attendais pas du tout au thème développé par l'auteur sur le passé de Victor. Un thème que je vous laisserai découvrir et qui entraîne Victor hors des sentiers battus vers une résilience de longue haleine et une rédemption impossible. Pour Josepha c'est aussi une histoire compliquée, malheureusement plus banale, douloureuse aussi. Ces deux là, ils étaient fait pour se rencontrer. Un premier roman qui nous parle de l'ambiance sombre de la vallée, des chasseurs, des habitants sous emprise et du passé qui les lient. C'est bien écrit avec des scènes graphiques et atmosphériques dans le courant natural writing. J'ai apprécié particulièrement tout ce qui concernait les visions cauchemardesques des loups avec une scène déterminante. Un scénario où passé et présent se conjuguent pour un avenir qu'on espère mais dont on sait déjà qu'il ne se présente pas sous les meilleurs hospices. Étape par étape on apprend à connaître Victor avec des flash-back incomplets qui font apparaître la complexité de ce personnage. Un récit dont le fil se déroule inéluctablement sans que rien ne puisse empêcher ce qui doit arriver. Une belle découverte d'un nouvel auteur talentueux. Bonne lecture.
Citations :
Quand le chien le voyait passer avec ses guêtres et son sac à dos, il s’accrochait à Victor et le suivait toute la journée avant de retourner s’allonger devant sa porte. C’était devenu une habitude, Victor passait dans le village et emmenait le chien. C’était un bon compagnon de marche qui aimait se vautrer dans les ruisseaux, partager un sandwich et connaissait des passages qui n’étaient pas marqués sur les cartes. C’était un animal intelligent qui avait passé ses premières années avec les bergers gardant les moutons dans les alpages
C’était ce genre de diablerie qui avait donné sa réputation à la Vallée. Le brouillard s’installait pendant des semaines, effaçait la rue du village au bas de votre fenêtre. Il espérait que Josépha pourrait franchir les Abymes. C’était dangereux ; on ne savait plus où étaient sa droite et sa gauche, on pouvait tourner en rond pendant des heures et basculer dans un ravin. Il se rassura, elle avait les chiens, ils la ramèneraient au village.