Au nord du Nord
Je remercie les Editions du Rivages/Noir pour l'envoi de cette nouvelle lecture.
Gunflint, Minnesota, 2017. Prise dans les glaces d’un mariage aux promesses cryogénisées, Greta vacille et trouve une diversion idéale se plongeant dans le passé familial. Une rencontre inattendue et la découverte de l’incroyable destin d’Odd Einar Eid, arrière-grand-père de son grand-père, sur les glaciers du Spitzberg en 1897 vont profondément marquer ses choix.
Roman d’aventure, roman d’amour, "Au nord du Nord" renoue avec le pouvoir magique des récits qui ne meurent jamais et rallume la foi en la puissance de la vie et ses réserves d’élans insoupçonnées.
Ma chronique :
Nous retrouvons le personnage de Gus, il est maintenant veuf et grand père. Encore deux temporalités différentes avec deux histoires pour une seule et même famille. Les générations se suivent et l'arbre proposé au début du livre m'a été d'une grande aide. Un second roman traduit en français qui nous fait toucher du doigt la psychogénéalogie, un vrai régal. Comme pour le premier roman, j'ai été captivé par l'histoire d'Odd Einar Eide, l'ancêtre, nous sommes en 1897 en Norvège, le premier chapitre raconte son retour quasi miraculeux de l’île du Spitzberg, le jour même où Inger sa femme assistait à ses funérailles. En alternance nous passons en 2017 dans le Minnesota où Greta la fille de Gus décide de mettre fin à son mariage. Tout en confiant la garde de ses enfants à son père pour partir découvrir ses racines norvégiennes. J'ai adoré ce voyage dans le temps passé , les deux récits sont passionnants, cinq générations les séparent. Un roman fabuleux sur la résilience face aux plus grandes douleurs. Il est beaucoup question de survie dans ce livre. Comment survivre dans un mariage où l'on n'aime plus, comment survivre sans l'âtre aimé et plus prosaïquement comment survivre seul perdu sur la glace à la merci des ours polaires. Le froid est un élément omniprésent dans cette famille, « Mais tous ont vécu à proximité d'une étendue d'eau gelée, mesurant le passage du temps non seulement à l’aune de leur amour les uns pour les autres, mais aussi, et souvent à celle des hivers à venir ou tout juste terminés. » Des personnages courageux qui savent ce qu'aimer veut dire. Le point commun aux deux histoires étant les couples séparés physiquement pour l'un et émotionnellement pour l'autre ainsi que le personnage de Théa qui vient les relier au delà du temps. Un livre grandiose à tous points de vue mais particulièrement dans la capacité de l'auteur à nous fournir détails et anecdotes savoureuses. Bonne lecture.
Citations :
Même par les nuits les plus noires, quand seuls le vent et le fracas lointain des icebergs se détachant des glaciers me prouvaient que je n'étais pas mort, quand je titubais sur ce bout de terre décapé par les bourrasques, spongieux sous mes pieds aux endroits où il n'était pas jonché de caillasse ou couvert de neige, quand je n'avais plus que l pensée de ma femme et de ma fille pour m'empêcher de m'abandonner aux flots glacés, je voyais parfois devant moi, à une distance que je ne parvenais jamais à réellement évaluer une brusque explosion de lumière. Elle s'élevait du sol, toute d'or et aussi impalpable que de la fumée, et m'offrait une destination à atteindre. Il arrivait qu'elle s’attardât une seconde ou une minute, et durant cet intervalle je me hâtais, comme si j'avais une chance de trouver dans cette lumière la chaleur à laquelle j'aspirais désespérément. Mais, bien sûr, la lumière finissait toujours pas disparaître, et après l'obscurité n'en était que plus profonde.