Le Vieux Tapis de George Sand
Je remercie les Editions Frison-Roche Belles Lettres pour ce nouveau partenariat.
Arnaud Donez
Biographie de l'auteur
Arnaud Donez enseigne la littérature depuis plus de vingt ans et enregistre des musiques pour de nombreux projets (courts-métrages expérimentaux, danse contemporaine, musique classique, électronique…). Sa passion pour les arts transparaît aujourd’hui dans son premier roman, Le Vieux Tapis de George Sand. Composé autour de la figure de George Sand, ce livre expose le parcours de trois femmes, confrontées à la cruauté du désir, des croyances et des malentendus autour de la création. Le tout avec une préférence certaine pour l’inachevé et l’esthétique du brouillon.
Présentation de l'éditeur :
Et si l’une des œuvres les plus connues du monde de l’art n’était finalement que le fruit d’une plaisanterie organisée par George Sand ?
Moyen Âge. Elle pense à sa prochaine tapisserie. Elle sait déjà ce qu’elle proposera aux gens du château, l’idée lui est venue en traversant une clairière. Un paysage plein de vie, fourmillant de détails. Une figure féminine, au centre. Et puis son cheval, aussi (mais peut-être est-ce un âne…). Voilà ce qu’elle laissera à la postérité ; cette œuvre, probablement un autoportrait, appelée Le Portrait au cheval. XIXe siècle. Au château de Boussac, George Sand découvre de vieilles tapisseries qui semblent abandonnées. Parmi elles, l’autoportrait. L’écrivaine décide de les conserver, et donc de les cacher. L’idée est simple : elle compte sceller les œuvres originales, et les recouvrir par d’autres, monumentales, en allant bien plus loin dans le ridicule et le mystère. Pour cela, elle fait appel à ses amis (Théophile Gautier, Eugène Delacroix et Frédéric Chopin) et, ensemble, ils organisent ce canular improbable. De nos jours. Clara travaille au musée de Cluny. En observant de plus près La Dame à la licorne, elle détecte des anachronismes qui lui font penser qu’une blague se joue sous ses yeux. Cette tapisserie n’a pas pu être tissée au Moyen Âge, elle en est certaine ! À la recherche d’informations, elle parcourt rapidement la notice qui accompagne cette œuvre mondialement connue. Sans comprendre, elle remarque plusieurs fois le nom de George Sand. Se pourrait-il que l’autrice soit liée à ce chef-d’œuvre ? Mais alors, quelle serait l’origine réelle de cette tapisserie ? Et si, pour éclaircir ce mystère, il fallait remonter 150 ans en arrière… ? Dans cette triple narration parfaitement maîtrisée, Arnaud Donez nous plonge dans une enquête au cœur d’époques passionnantes – médiévale, romantique et contemporaine – sur les traces d’une tapisserie énigmatique, portée par trois héroïnes d’hier et d’aujourd’hui.
Ma chronique :
Une construction en alternance sur trois temporalités différentes, qui nous comte l'histoire de la jeune Luçon à l'époque médiévale. Elle est brodeuse de tapisserie et possède un grand talent qu'elle va mettre au service du comte du château. Plus proche de nous, Georges Sand dans sa maison de Nohant côtoie les plus grands artistes romantiques de son temps, Balzac, Gauthier, Mérimée, Delacroix et bien entendu son amour, le grand compositeur Chopin. Elle va découvrir dans le château de Boussac un vieux tapis de toute beauté, un trésor en péril, ainsi que d'autres tapisseries magnifiques mais abîmées. Enfin de nos jours le jeune Clara diplôme en poche travaille comme surveillante au Musée de Cluny, elle va y découvrir la fameuse tapisserie de La Dame à la licorne qui va avoir un fort impact sur elle, l'incitant à vouloir en apprendre plus.
Un vrai régal que de suivre ces trois femmes, trois portraits qui parlent de la condition féminine. Comme si rien ne changeait jamais et que toujours les hommes endossent avec le pouvoir une supériorité qu'ils ne se lassent jamais d'exercer pour le plus grand malheur des femmes. Avec une belle habileté, l'auteur sait employer les mots qu'il faut en fonction des époques qu'il traverse et donner à ses personnages féminins toute leur noblesse. Les grands écarts sont impressionnants on passe de la poésie au crime obscène, de l'art à la torture , c'est parfois déroutant mais jamais on ne se lasse. Une lecture qui m'a fait passer des licornes, à la magie et de là, à la sorcellerie. Une période médiévale bien cruelle pour les femmes, c'est avec Luçon que je me suis sentie la plus proche et j'ai aimé suivre sa piste à travers les époques. Un scénario brillant et complexe, où l'imagination de l'auteur n'est pas en reste pour notre plus grand plaisir. Bonne lecture.
Citations :
Pour ma part, je n'y crois certainement pas. Enfin, si, mais seulement aux licornes de mer, ça oui. J'ai entendu dire qu'il existait des montres marins dans les mers du Nord qui possèdent une corne torsadée, voire deux cornes pour les plus rares de ces créatures qu'on a aperçues aux limites du monde connu. J'aimerai en offrir une à ma femme. Mais sur la terre ferme, point de ces créatures du diable. Je vous défie d'en apercevoir jamais.
Des chevaux, plein, oui, c'est bien les chevaux, voilà. Quelque chose qui impressionne, qui rappelle la force du comté de Boussac, et qui fasse peur aux gens avant que je n'apparaisse dans la pièce. Bien hautes, les tapisseries, bien flamboyantes! Comme ça, je les ferai attendre, ils se sentiront tout petits.