Petiote
Je remercie les Editions Equinox Les Arènes pour l'envoi de ce livre.
Né en 1976, Benoît Philippon grandit en Côte d’Ivoire, aux Antilles, puis entre la France et le Canada. Il devient scénariste puis réalisateur pour le cinéma. Après Cabossé (la Série Noire, Gallimard), Mamie Luger et Joueuse (EquinoX), il publie Petiote (EquinoX), le nouveau roman noir et déjanté d’un talent du polar.
Maxine est une tornade qui défie le monde si masculin des joueurs de poker. Elle est bien décidée à régler ses comptes, coûte que coûte.
Joueuse est une partie de poker virtuose où chacun mise sa vie. Un nouveau livre jubilatoire, teigneux, drôle et renversant, de Benoît Philippon, l’auteur du best-seller Mamie Luger, qui décidément aime les héroïnes qui n’ont pas froid aux yeux.
Ma chronique :
Un polar truculent à se mettre sous la dent, ça ne se refuse pas. Avec Petiote, Benoît Philippon dévoile toute l'étendue de son talent d'écrivain de polar français hors norme, un extraterrestre je vous dis. C'est du très bon et on en redemande. Tout d'abord il y a le style « Audiard » qui a lui seul vaut le détour. C'est haut en couleur avec des expressions qui sont capables de nous faire rire autant que de nous tirer les larmes des yeux. Des dialogues qui fusent, des personnages tous plus cabossés les uns que les autres mais ça on se doutait que ça allait faire mal. Une galerie de portraits qui révèle les béances de notre société : clochard, prostituée, migrante, mafieux, drogué ... Un coup de projecteur sur une famille qui vit les affres de la séparation. Le père qui se voit retirer la garde de sa fille, décide de prendre en otage les personnes de l'hôtel minable dans lequel il habite. Toute l'action se met en place à partir de ce geste inconsidéré certes mais qui ressemble à une bouteille jetée à la mer.
Chargée de l'affaire la Capitaine de police Mia Balcerzak, négociatrice hors pair et son équipe.
Sur un rythme d'enfer, on assiste impuissant à l'escalade des erreurs, maladresses et autres retournements de situations rocambolesques. Pourtant, au fil des pages, tout comme Mia, on s'attache à ce père qui nous montre une nouvelle notion de ce que peut être la parentalité.
J'ai adoré lire ce récit semé d’embûches, avec des personnages au grand cœur et un humour féroce qui vient balayer le pathos. On est pris dans une course contre la montre dont on ne sait comment elle va se terminer mais déjà on subodore que se sera grandiose. Les personnages féminins sont incroyables, de l'adolescente à la femme puis à la mère, une vision panoramique du féminisme qui ne m'a pas laissée indifférente. J'ai adoré certaines scènes catastrophes dignes d'un épisode de Benny Hill avec l'enchaînement qui actionne une mécanique implacable, c'était jouissif. Un auteur à suivre de près vous ne serez pas déçu. Bonne lecture.
Citations :
Tout ce qu’il a tenté dans la vie, Gus l’a échoué. L’école, bien entendu, souvent le premier pas vers la dégringolade. Puis il y a eu les petits boulots. Quand on sort de façon prématurée du circuit scolaire avec pour seul diplôme une lettre de renvoi, on ne signe pas un CDI dans une grosse boîte américaine. Gus a postulé à des emplois pour lesquels il se sentait avoir les compétences. Niveau matière grise, il ne disposait pas du bagage requis, alors que visser des boulons ou trier des sardines sur le tapis roulant d’une usine de conserves, il avait deux bras, pas trop d’amour-propre, ça suffisait pour qu’un employeur accepte de l’exploiter.
George est un authentique ange gardien. Sorte de saint Pierre supervisant ce purgatoire, il accueille les âmes errantes, dont certaines obtiendront leur ticket pour le paradis, mais la majorité, au vu de leur fiche signalétique, plutôt un aller simple pour l'enfer.