Avis de grand froid
Je remercie les Editions Rivages/Noir pour l'envoi de ce nouveau titre.
Traduction de Marc Chenetier
Jerome Charyn est un romancier américain né dans le Bronx le 13 mai 1937.
Ultime volume dans la saga du héros de Charyn Isaac Sidel. Depuis Marilyn la Dingue, roman dans lequel il était inspecteur à la Criminelle de New York, Isaac a fait son chemin. Il est devenu commissaire principal de la police, puis maire de New York. Et voilà que par un concous de circonstances, il se retrouve... à la Maison-Blanche, le candidat élu n'ayant pu être intronisé.
Un roman d'espionnage délirant, noir et grinçant. Une comédie du pouvoir qui résonne étrangement avec la "réalité" de la présidence Trump. L'écriture électrique et le talent de conteur de Jerome Charyn sont à l'oeuvre dans cette grandiose conclusion de la saga.
Ma chronique :
Première lecture de cette série et il s’avère que je commence par la fin mais cela n’a pas grande importance car chaque livre se suffit à lui-même selon l’auteur. Pour ma part, il y a eu quelques moments de flottements même si l’introduction et les personnages avant la première partie nous mettent dans l’ambiance et pose le cadre. Isaac Sidel un ancien commissaire de police devenu maire de New-York, accède au titre suprême de Président des Etats-Unis sans l’avoir voulu puisqu’il remplace le Président Storm qui a dû démissionner. Certes il manque d’expérience politique, mais il a bien d’autres qualités. Saura-t-il échapper à une organisation secrète de banquiers suisse qui joue à la loterie avec la date de sa mort ? Depuis il est victime de nombreuses tentatives d’assassinat. Il faut dire qu’il est un président hors norme, il ne respecte pas les règles et se fait des ennemis au sein de la maison blanche. Il est intrépide et tente de survivre par tous les moyens. Sa façon d’appréhender la politique en aidant les plus pauvres à réussir fait de lui l’homme à abattre. Le personnage d’Isaac est un peu un antihéros dans l’âme, juif et clairement de gauche, il porte le souvenir des camps de concentration. Il est profondément intègre et résiste à toutes les attaques avec une force étonnante. Les rebondissements s’enchainent rapidement nous laissant attentifs et captivés par le scénario. Bien qu’il soit un peu brut de décoffrage, j’aime ce côté provocateur chez lui, mais prêt à tout pour faire bouger les choses. Les personnages auprès desquels il pourra trouver du soutien ne sont pas ceux que l’on pense et ils sont plus que rafraichissants. Il faut dire que la galerie des personnages est importante et l’auteur possède un véritable talent pour les faire vivre pleinement. La psychologie des personnages nous donne matière à réflexion, avec de nombreuses références à des personnages historiques comme Lincoln ou FD Roosevelt. Bonne lecture.
Citation :
Il voyait en Sidel une espèce de zek, enseveli dans son propre camps de prisonniers spirituels – le premier loup-garou à occuper la Maison-Blanche.
Les Allemands réalisaient des films de propagande sur cette utopie juive. Mais la chorale d’enfants passa directement de ces représentations idylliques et de ces films de propagande à Auschwitz. Ottla Kafka, la plus jeune sœur de Franz, qui avait été détenue à Terezín, s’occupait de ces enfants et les accompagna à Auschwitz pour leur tenir compagnie et leur servir de « nurse ».
Et lorsque Isaac plongea son regard dans le cœur de Terezín, désormais ville de garnison endormie occupant les mêmes baraquements, il ressentit une rage qu’il eut toutes les peines du monde à contrôler.