Les Soirées chez Mathilde
Dominique Fabre
Dominique Fabre a publié une douzaine de romans, dont Moi aussi un jour, j'irai loin (Maurice Nadeau, 1995), Ma vie d'Edgar (Le Serpent à plumes, 1998), J'aimerais revoir Callaghan (Fayard, 2010), et, aux éditions de l'Olivier Il faudrait s'arracher le cœur (2012), Des nuages et des tours (2013), Photos volées (Prix Eugène Dabit, 2014).
" Il ne faisait pas encore jour. D'habitude, dans les contes, ce sont les oiseaux qui donnent le signal du départ. Il a posé son manteau à lui en plus du sien à elle sur les épaules de Mathilde; elle était fatiguée. "
Dans les années 80, un étudiant désœuvré et sans le sou, fréquentant davantage les bars que la fac, est invité à une fête dans la banlieue chic, à Sèvres. Le jeune homme découvre une petite société de personnes qui boivent, bavardent, flirtent et dansent dans une ambiance où les problèmes de la vie quotidienne semblent ne plus exister. Fasciné par l'atmosphère qui règne dans la grande maison de Sèvres, il reviendra et se mêlera à ce monde qui est à l'opposé du sien.
Dominique Fabre convoque et ressuscite une époque à jamais disparue. L'émotion est là, à fleur de peau, fugitive, capturée par son écriture sensible.
MaLibrairie à Nantes : les 5 livres qui font chaud au cœur | lecteurs.com
Ma chronique :
Merci aux Editions de l'Olivier ainsi qu'aux lecteurs.com
J'ai gagné l’un des romans de Ma librairie à Nantes !
Les soirées chez Mathilde, le dernier roman de Dominique Fabre, nous font faire un voyage dans le temps et nous voilà de retour dans les années 80 à Sèvres. Nous allons suivre le parcours quasi initiatique d’un jeune étudiant. Nous allons aller de troquet en café, et rencontrer de nombreux personnages comme une galerie de portraits, un ingénieur qui boit beaucoup, trop peut-être, l’Egyptien sans papiers. Des personnages qui nous semblent si familiers que pour un peu on dirait les connaître. Le narrateur un étudiant qui n’étudie pas mais va être au fil de ses errances invité à Sèvres. Il se sentira accueilli dans ce nouveau milieu si différent du sien, où la réalité semble s’éloigner pour laisser place à une certaine douceur de vivre. Entouré de gens plus âgés que lui, plus à l’aise financièrement, il n’arrive pas cependant à se laisser complètement aller avec eux, il se sent différent et il ne dépassera pas ce mur invisible et pourtant bien présent. Il apprendra beaucoup à leur contact. Il rencontrera aussi l’amour en la personne de Mathilde qui est malade, sans que nous sachions réellement ce qu’elle a. Le narrateur se souviendra longtemps de ces moments comme d’un tournant essentiel à sa vie. Pas mal de nostalgie dans ce roman, un retour sur la jeunesse qui passe si vite comme on regarderait une vielle photographie sépia avec toute la tendresse que l’on peut éprouver en faisant remonter les souvenirs. Le temps qui passe et qui transforme parfois le souvenir qu’on avait de telle personne ou de tel événement. Ce qui est apparu comme une rencontre anodine au final est encore dans notre mémoire des années plus tard. La mémoire est une chose étrange et elle fait remonter en nous des conversations depuis longtemps passées et qui sont en nous depuis lors. Les quartiers de la ville de Paris évoqués dans le livre n’existent plus forcément mais les lieux évoqués sont quasi éternels. Prendre conscience de ce temps qui passe, ne pas le laisser s’échapper et le vivre pleinement c’est ce que je retiens ce beau roman.
Citation :
Me revient tout à coup le sourire du patron du petit bar de la rue Simplon. Il me faisait souvent un sourire, un signe de la tête, quand il nous apercevait. Quand on est seul, ces petites attentions prennent toute la place. On croit avoir tant de place dans le cœur!