Noyade
Je remercie les Editions Gallimard / Série noire pour ce nouveau titre.
J.P. Smith
Le passé semble rattraper Alex Parson. Une vingtaine d’année plus tôt, alors qu’il était moniteur de natation dans un camp d’été pour garçons, énervé par le comportement craintif de Joey, 8 ans qui a peur de l’eau , il l’abandonne sur un radeau au milieu du lac, en lui disant que s’il veut rentrer , il n’a qu’à nager jusqu’à la rive. L’enfant disparaît à jamais sans qu’Alex ne soit inquiété. Lors des veillées la légende de John Otis a fait forte impression sur les enfants, celle d’un homme qui venait pour en enlever un parmi eux et effectivement le lendemain Joey avait bel et bien disparu. Aujourd’hui Alex est devenu un promoteur immobilier de Manhattan, dont les affaires sont florissantes. Il a une femme superbe et deux petites filles, tout irait pour le mieux si ce n’était une série d’incidents qui lui font penser que le fantôme de Joey en a après lui. Le personnage d’Alex m’est apparu comme détestable et je lui en voulais beaucoup de ce qu’il avait fait à Joey. Pourtant au fil des pages, j’ai commencé à ressentir de la peine pour lui alors que tous les problèmes qui lui tombent dessus menacent d’anéantir sa famille et son business. Après tout l’auteur nous amène à penser que Joey est peut-être toujours en vie et avide de vengeance. Une intrigue pleine de saveur et de suspense qui fait apparaître des thèmes forts comme la culpabilité, la maltraitance et tout un tas de questions d’ordre moral qui m’on fait réagir. J’ai beaucoup aimé les moments de rythme et de tension, lorsqu’Alex doit faire face à son passé et qu’il navigue à vue. On n’obtient pas les réponses à toutes nos questions mais ce n’est pas plus mal, du coup j’ai pas mal ruminé ma lecture surtout avec le final surprenant qui nous est proposé. Bonne lecture.
Alex voulait nager pour s'en éloigner, mais quelque chose l'en empêchait, le rendait incapable de quitter ces profondeurs, de remonter à la surface, et ce fut lorsque l'enfant saisit Alex à la gorge sans plus vouloir le lâcher qu'il se réveilla, pris de sueurs froides.
Il se redressa, le souffle court. Ce n'était qu'un rêve, se dit-il. Il lança un coup d'œil vers l'horloge du tableau de bord, vit qu'il ne s'était assoupi qu'une ou deux minutes. Il coupa le moteur et s'efforça de se ressaisir. Voir ce prénom peint sur le mur avait ravivé des souvenirs qu'il s'efforçait d'oublier depuis si longtemps : Joey, le radeau, et cinq heures plus tard, rien. Comment ce gamin l'avait déçu en refusant de dominer sa peur.