Biche
Je remercie les Editions MonPoche pour l'envoi de ce nouveau titre.
Mona Messine
Messine revendique l’égalité en littérature comme dans la vie. Mêlant
récit de l’intime et combat féministe, elle publie ses textes en revue. Sensible à
la démocratisation de l’écriture et de la lecture, elle a participé aux ateliers d’écriture de l’école Les Mots,
qui l’a révélée, et dont elle est aujourd’hui ambassadrice.
Depuis, elle accompagne à son tour un public diversifié sur des projets d’écriture, en même temps
qu’elle est apporteuse d’affaire pour des éditeurs.
Elle imagine en pleine pandémie la revue littéraire Débuts, marrainée par Chloé Delaume, conçue pour
promouvoir des auteurs inédits. Biche est son premier roman.
nous rappelle que la terre, lorsqu’elle est en
colère, peut gronder sous les pas des hommes.
Un premier roman intense et poétique.
Dans la forêt, une partie de chasse s’engage, menée par Gérald, la gâchette du coin. Devant lui, son chien Olaf piste la trace, et Linda, son vieil amour, guide les traqueurs qui rabattent le gibier. Alan le garde forestier a le coeur en morceaux. Ce soir, il le sait, les biches seront en deuil.
Mais en ce dimanche plus gris que les autres, une tempête approche. La forêt aligne ses bataillons, les animaux s’organisent. Les cerfs luttent sous l’orage. Et une biche refuse la loi des hommes.
Ma chronique :
Un dimanche matin comme beaucoup d'autres, dans la forêt une partie de chasse s'organise. Les participants sont nombreux a espérer revenir avec un cerf majestueux. Un groupe non armé jouera le rôle des rabatteurs, permettant aux chasseurs armés, de prendre en tenaille le gibier. Gérald chasseur expérimenté et tireur sans faille, est à la tête du groupe, accompagné de son chien Olaf. Linda dirige les rabatteurs. Pour Alan le garde chasse la journée est sombre, lui qui protège de son mieux la harde. Lorsque le temps se couvre et que la tempête arrive, la tragédie peut alors commencer et si pour une fois tout n'était pas écrit d'avance.
Un livre court à la belle couverture, je suis tombée sous le charme de l'écriture de Mona Messine. Les chapitres ont un côté immersif et on entre facilement dans ce conte dit écologique. La prose parfois poétique explore le ressentit des hommes et des animaux. On entre en résonance avec la nature, la forêt, la vie, la mort tout semble lié. On pourrait faire quelques reproches, un penchant pour le lyrisme qui peut lasser ou encore une certaine tendance à l'anthropomorphisme. Les pensées, les émotions et le comportement de la biche comportent à mon goût bien trop de caractéristiques humaines. Pourtant, je me suis laissée prendre par le côté sensible de cette écriture, l’exacerbation des sens y est tellement bien décrite. Qui n'a jamais voulu savoir ce qui se cachait dans la tête des animaux. On entre ainsi dans un huis clos sylvestre avec un petit côté Natural Writing où l'odeur de la pluie, de l'humus et des champignons vous prend au nez. Un premier roman au scénario original et un dénouement surprenant inimaginable. Bonne lecture.
Citations :
Gérald était nerveux quand il faisait trop beau, comme ce matin, qu’avant 10 heures, déjà, des promeneurs arrivaient près des abords de la forêt, loin d’ici mais pas assez. Des familles, des sportifs, ces paresseux qui venaient là pour les loisirs alors que sa discipline à lui, la chasse, c’était du sérieux. Des crétins qui auraient mieux fait de rester chez eux à bouffer leur confiture d’églantine ou faire des crêpes aux flocons d’avoine pour le petit-déjeuner.
Elle était plus petite que les autres, mais aussi plus agile. Son intuition surprenait. Du fond de son ventre, elle connaissait la forêt, même les endroits où elle n’était jamais allée. Elle vivait avec son élément. La biche et la forêt : deux pieds de ronces imbriqués l’un dans l’autre, qu’on ne voudrait pas démêler.
Dans la forêt, avait prévenu Alan, tout était à sa place. Les cadavres des hommes aussi.